Saviez-vous que la Wallonie compte plus de 7.000 km² de surface agricole, dont 48% sont dédiés à l’élevage de bovins ? Sur cette surface qui représente un cinquième du territoire wallon paissent 1,2 million de bovins. Ils sont aussi nombreux que les habitants de la capitale belge ! Diversifié, ce cheptel est composé de quelques races étrangères comme la Limousine, la Salers, la Charolaise ou la Blonde d'Aquitaine, mais c’est surtout sa star locale, la Blanc Bleu Belge (BBB), qui occupe le paysage ! A elle seule, elle représente 80% des individus élevés en Wallonie. Une véritable ambassadrice que les éleveurs cherchent à présent à faire (re)connaître internationalement pour ses qualités gustatives et nutritives.

Une agriculture familiale

L’activité agricole wallonne, c’est environ 21 000 emplois pour 12 600 exploitations. Parmi celles-ci, 9000 pratiquent l’élevage des bovins dont 85% sont destinés à la production de viande. A des années lumières des gigantesques élevages américains, canadiens ou encore brésiliens qui produisent à des échelles industrielles, les éleveurs wallons travaillent encore souvent en famille. Ceux-ci attachent une grande importance à la qualité, au service et au bien-être animal en harmonie avec la biodiversité. De plus, la filière wallonne a mis en place des processus d'hygiène rigoureux et bénéficie d'une capacité de productivité et d’une traçabilité optimale.

Face aux changements de comportements des consommateurs belges et européens (réduction de la consommation de viande de 2 à 3% par an, choix du « bio », attrait des origines territoriales dont la BBB, repas hors foyer…) la filière évolue vers une production de viande de qualité supérieure. Une manière de sortir des sentiers battus pour prospecter de nouveaux marchés en mettant en avant leur viande de qualité irréprochable et à haute valeur ajoutée au niveau nutritif (omégas 3, pauvre en graisses…).

Des ambitions internationales

A l’heure actuelle, la viande bovine wallonne reste essentiellement consommée en Belgique et ne s’exporte que modestement à l’étranger. Entre 2014 et 2017, la Wallonie a exporté de la viande bovine vers 28 pays, dont 22 sont situés en Union Européenne. Concrètement, 99% de la viande bovine wallonne exportée reste en UE. Si l’on zoome encore un peu plus, on constate que seuls trois pays (Allemagne, France et Pays-Bas) accaparent près de 80% des ventes de viande bovine wallonne. Hors UE, les exportations concernent essentiellement la Suisse, la Norvège et les Balkans. Bref, on ne déguste pas (encore) vraiment de bœuf wallon, ni outre-Atlantique, ni au Soleil Levant.

Pour dynamiser et varier ses exportations, la filière collabore étroitement avec l’AWEX et l’APAQ-W et cherche désormais à se tourner vers la grande exportation dans des régions telles que l'Asie (le Vietnam en particulier), le Moyen-Orient ou encore les pays du Golfe.

L’enjeu est de taille au vu de l’augmentation de la demande dans ces territoires densément peuplés mais qui ne sont pas en capacité à court ni moyen terme de développer une production à hauteur de leurs besoins. Les pays et villes du Golfe (Dubai, Qatar, Abu-Dhabi…) connaissent une forte croissance de la demande importée, notamment en raison de l’urbanisation galopante de ces territoires, de leur développement touristique, d’un nombre important de professionnels expatriés, de l’augmentation du pouvoir d’achat….

Le challenge que doit à présent relever la filière wallonne est donc de maintenir, voire d’accroître ses parts de marché sur sa zone actuelle d’exportation, franchir des caps « techniques » comme certaines normes sanitaires ou la certification hallal, mais surtout développer sa visibilité et concurrencer l’agressivité commerciale des principaux exportateurs mondiaux (Australie, États-Unis, Brésil…) sur les marchés en croissance.

Un défi de taille pour un secteur essentiellement familial, mais qui a pour ambition de s’inviter aux tables du monde entier en mettant en avant son meilleur atout : la Q-U-A-L-I-T-E.