Wallonia Export (AWEX) : Bonjour Hadrien, pouvez-vous nous dire ce qui se cache derrière la technologie O-BOY ?

Hadrien Dorchy : Hello. O-BOY c’est le 1^er dispositif de sauvetage par satellite portable au poignet à usage multiple (la BREITLING EMERGENCY étant à usage unique et coûte…plus de 15.000€…). O-BOY se présente donc comme une montre qui a pour objectif de permettre aux sauveteurs du monde entier de vous retrouver et vous aider en cas d’incident en zone isolée ou dangereuse. Par exemple, nos utilisateurs peuvent être des marins, des professionnels de la haute-montagne ou, de plus en plus, des personnes pratiquant des sports extrêmes, de la randonnée sauvage ou des treks dans des zones retirées et hors réseau. Ces loisirs ou ces activités sportives peuvent s’avérer parfois dangereux même pour les plus aguerris et les plus préparés.

Et quand le drame arrive, il est souvent difficile de retrouver la personne dans un temps imparti pour sa santé…

AWEX : Ça n’existe pas déjà depuis pas mal de temps les téléphones satellitaires ?

HD : Si bien sûr les équipements reliés par satellites existent depuis longtemps, mais ne sont pas aussi petits ou pratiques à transporter qu’une montre. Je vous mets au défi de faire du kite-surf ou de l’escalade avec un téléphone satellitaire. A contrario, O-BOY se met au poignet et extrêmement léger. Comme les téléphones ou balises satellitaires, O-BOY enverra un signal même dans les endroits les plus reculés non couverts par un opérateur cellulaire (par exemple au milieu de l’océan, du désert, de la forêt, des montagnes, etc.) et indépendamment de tout opérateur local.

AWEX : Comment vous est venu cette idée de montre connectée par satellite ?

HD : J’ai toujours adoré les sports d’aventure comme la voile, le ski hors-piste… En 2015, j’ai été faire du windsurf au Cap-Vert mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Lors d’une sortie, je tombe à l’eau et ma planche perd son l’aileron. Du coup je tente de regagner le rivage à la force de mes bras mais je n’y parviens pas. Trop loin, trop de courants… bref je m’épuise sans résultats. Je me dis que l’hôtel où j’ai loué mon matériel viendra bien me rechercher donc je ne m’inquiète pas, du moins pas encore. Petit à petit je dérive et je distingue à peine la plage. Là je commence à sentir le stress monter. Je reste couché pendant plus de 5 heures sur ma planche et je commence à avoir froid, et soif… ça fait 5h que je suis là. Plus personne ne peut me voir depuis la côte et le soleil se couche. Je me retrouve dans le noir toujours sur la mer et là c’est vraiment flippant…

Heureusement un bateau de plongeurs de nuit passe par là par hasard et me ramène finalement à la plage. Je ne vous cache pas que j’ai vraiment cru que j’allais y rester.

AWEX : Comment avez-vous lancé ce projet ?

HD : Après cet incident, j’ai cherché un device pouvant m’aider si je devais à nouveau me retrouver dans cette situation. J’ai constaté qu’il n’existe rien qui n’est pas ‘cellulaire’, avec du coup une portée trop courte pour mes besoins. Comme expliqué, il faut donc une solution satellitaire mais le matos proposé est trop volumineux.

En même temps, je suivais un LLM, option Business, aux USA. Dans le cadre d’une simulation commerciale liée à mon cursus, je décide de créer cette montre satellitaire qui manquait. Finalement mon équipe et l’encadrement du MBA apprécient beaucoup l’idée et me poussent à aller plus loin dans son développement. Pour vous donner une idée, il fallait dans les simulations que la montre soit utilisable même avec des doigts gelés.  Bref mon travail sort du lot et mes professeurs en concluent que, si c‘est possible technologiquement, cette montre a vraiment du potentiel pour être commercialisée.

AWEX : Et vous avez fondé O-BOY à partir de là ?

HD : Exactement. Je rentre en Belgique et je lance ma boite. Là commence le classique parcours de l’entrepreneur : quels partenaires choisir ? quelles levées de fonds effectuer ? La Région wallonne nous a bien supporté (notamment via le W.I.N.G, fonds d’investissement Digital Wallonia en private equity et la DGo6 en non dilutif) et nous avons obtenu des apports de business angels privés également. Nous nous sommes lancés avec un capital de 100 000 EUR pour faire le ‘proof of concept’ puis nous avons encore levé plus de 600 000 EUR et en sommes arrivé aujourd’hui avec notre golden sample (produit final avant production en série, NDLR) qui est présenté ici.