Quel est l’impact de la crise du COVID-19 sur les exportations wallonnes ?
En raison de la forte intégration de la Belgique et de la Wallonie dans les chaînes de valeurs européennes et mondiales, la baisse des ventes et de l’activité se fait déjà fortement sentir. C'est désormais une certitude, l’épidémie du COVID-19 provoquera un impact significatif à la baisse sur les exportations wallonnes en 2020. Les premières tendances sont connues. Explications.
C’est une évidence. Les économies de tous les principaux partenaires commerciaux de la Wallonie, comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Espagne, connaîtront un trou d’air généralisé en 2020, ce qui laisse présager un recul sensible des exportations wallonnes après une excellente année 2019 (+11,2%).
Selon l’organisation mondiale du commerce (OMC), le commerce mondial devrait enregistrer en 2020 un repli compris entre 13% (scénario optimiste avec une reprise à partir du second semestre 2020) et 32% (scénario pessimiste avec une reprise plus prolongée et incomplète) du fait de la pandémie COVID-19. Presque toutes les régions du monde enregistreront des baisses à deux chiffres du volume de leurs échanges en 2020, les exportations les plus touchées étant celles de l'Amérique du Nord et de l'Asie. Une reprise des échanges est attendue en 2021, mais elle dépendra de la durée de l'épidémie et de l'efficacité des mesures adoptées pour y faire face.
Premiers éléments d'enquête en Belgique
A l’heure actuelle, l’impact de l'épidémie de COVID-19 sur le commerce international n'est toutefois pas encore visible dans la plupart des données économiques et commerciales de terrain (production, chiffre d’affaires, investissements…). Pour avoir une idée précise de la situation au niveau belge et wallon pour le premier trimestre 2020, il faudra attendre les statistiques d’exportation qui seront disponibles à la mi-juin.
Toutefois, la dégradation de la conjoncture internationale est clairement perceptible au travers des enquêtes de conjoncture de la Banque nationale de Belgique (BNB) qui attestent d’une forte inquiétude des entreprises wallonnes face à la pandémie du COVID-19. Alors qu’en début d’année, les indicateurs conjoncturels en Wallonie traduisaient encore une activité économique soutenue, les indicateurs de confiance des entreprises manufacturières wallonnes depuis mars 2020, notamment les perspectives d’évolution des carnets de commandes à l’exportation, ont plongé brusquement vers des niveaux jamais connus depuis la crise financière de 2008-2009. Ces perspectives concernant les carnets de commande à l’exportation se traduisent dans les chiffres à l’exportation dans un délai de 3 à 6 mois.
56,4% des entreprises répondantes estiment qu’il faudra au minimum 6 mois pour revenir au niveau d’avant crise.
Des secteurs touchés inégalement
De façon générale, 80% des entreprises indiquent une baisse de leurs exportations, tandis que 43% des entreprises indiquent un recul de leurs exportations compris entre 50 et 100%.
En termes de sortie de crise, la plupart des entreprises n’imaginent pas une reprise en « V » à proprement parler mais tablent sur une reprise nécessitant plusieurs mois. Concernant le laps de temps nécessaire pour retrouver un volume d’exportations d’avant crise, 56,4% des entreprises répondantes estiment qu’il faudra au minimum 6 mois pour revenir au niveau d’avant crise et seulement 3,1% dans le mois.
Selon plusieurs études internationales, les secteurs qui souffriront le moins de la crise du COVID-19 sont les sciences du vivant, la logistique, l’agroalimentaire, la chimie, les machines, ainsi que l’électronique, la numérisation et la cybersécurité. A l’inverse, les secteurs les plus touchés seront le textile, le retail, l’aéronautique et le spatial, l’automotive, ainsi que le tourisme, l’HoReCa, les industries culturelles et récréatives.
L’analyse de la répartition sectorielle des exportations wallonnes révèle que les secteurs catégorisés comme étant les moins affectés par la crise représentent une part prépondérante des exportations (63%) dont notamment les sciences du vivant et produits pharmaceutiques (33,0%), l’agroalimentaire (9,9%), la Chimie (6,7%) ou encore les produits numériques et électroniques.
Au contraire, les secteurs identifiés comme étant les plus impactés par la crise ne représentent que 7% du total des exportations wallonnes : aéronautique et spatial (2,8%), automotive (2,7%) et textiles (1,5%).
Sur base de tous ces paramètres dont certains sont favorables à la Wallonie, l’AWEX estime que la baisse des exportations wallonnes en 2020 devrait se situer entre 13% et 18% par rapport à 2019 (soit entre 6 et 9 milliard €).
La stratégie de relance après COVID-19 de l’AWEX
A travers son plan d’action « REBOND », l'AWEX met tout en œuvre pour répondre aux changements provoqués par la crise et proposer des services mieux adaptés à la situation d’aujourd’hui : redéfinition du programme d’actions pour répondre aux nouveaux besoins des entreprises, développement de nouvelles compétences en recherche d’approvisionnements, adaptation de nos incitants...