Près de 50 sociétés wallonnes font le déplacement au Brésil dans le cadre de la mission économique princière belge qui s’y tient en 2024. Parmi les PME ayant fait le déplacement, l’AWEX a rencontré FytoFend, une société spécialisée dans le biocontrôle et qui entend bien se développer dans cette puissance agricole qu’est le Brésil. Qui est FytoFend ? Dans quels pays exporte la société ? Pourquoi le Brésil ? Rencontre à Sao Paolo avec Nicolas de Menten, Regulatory & Technical Manager.

Une délégation économique et académique belge de 400 participants est actuellement en déplacement au Brésil. Parmi les secteurs les plus représentés par les 47 entreprises wallonnes figurent l’aérospatial, les lifesciences et l’agritech. Ce 3e secteur regroupe plusieurs leaders mondiaux wallons et entend bien se renforcer sur le marché brésilien. Nation agricole extrêmement puissante, le Brésil n’en n’est pas moins confronté à des enjeux de taille pour réduire l’impact environnemental de ses exploitations agricoles et gagner en résilience. La PME wallonne Fytofend, spécialisée dans le biocontrôle et participante à la mission belge entend bien bénéficier de la visibilité offerte par l’imposante délégation belge et la présence de la princesse Astrid pour booster sa présence et ses partenariats au Brésil. Rencontre avec Nicolas de Menten, Regulatory Manager & Technical chez FytoFend pour discuter export, développement international et… AWEX !

 

Nicolas De Menten présente Fytofend aux industriels brésilens dans le cadre de la Mission Princière  Belge 2024

Wallonia Export & Investment Agency (AWEX) : Bonjour Nicolas, pourriez-vous d’abord nous dire qui est FytofFend et ce que propose la société ?

Nicolas de Menten (NM) : Bonjour l’équipe. Alors FytoFend, c’est une société née en 2009, spin-off de l’Université de Namur. Nous commercialisons nos produits depuis 2015. Pour faire simple, nous travaillons dans le biocontrôle, nous développons des éliciteurs des défenses des plantes, c’et à dire des  produits qui renforcent la défense des plantes en boostant leur immunité ou leur résilience face à des agents biologiques externes comme des maladies ou des champignons. On ne cible pas les pathogènes directement mais on vient booster les défenses des plantes. Nous n’agissons donc pas sur le milieu, comme des pesticides, mais bien en soutien du végétal directement. Au niveau européen, notre substance active est listée et reconnue comme la première substance active à faible risque pour l’environnement. Il n’y a pas de résidus avec nos produits donc c’est un avantage certain, notamment pour l’agriculture biologique ou l’export.

AWEX : A quoi servent vos solutions exactement ?

NM : Nous commercialisons principalement deux formulations dédiées à la lutte contre les oïdiums (FytoSave), un  anti-mildiou (FytoSol) et une solution de renforcement de la vigueur de la plante (Fyto-6). Nos utilisateurs finaux sont des agriculteurs travaillant principalement la vigne, mais aussi toutes les cultures maraîchères comme les tomates ou même les bananes, deux aliments pour lesquels nos produits sont très efficaces. En Allemagne, par exemple, nos produits remportent un franc succès dans la culture de la pomme de terre.

AWEX : Qui sont vos clients ?

NM : Les utilisateurs finaux sont les agriculteurs, mais nous travaillons principalement avec des distributeurs, comme c’est d’usage dans notre secteur. Aujourd’hui nous sommes homologués sur différentes cultures  dans une quarantaine de pays.

AWEX : 40, c’est déjà un beau chiffre ? Vous êtes combien chez FytoFend et êtes vous considérés dans votre secteur comme une ‘grosse société’ ?

NM : Notre équipe est composée d’une douzaine de collaborateurs (nous étions 2 en 2009 !) et nous sommes basés dans le parc d’activités Crealys près de Gembloux. Nous y avons notre unité de production, d’une surface de 1200 m², et des laboratoires  de niveau universitaires dédiés à la R&D d’environ 500 m². Pour répondre à votre question, c’est déjà une belle taille pour un société de notre secteur.

AWEX : Parlons exportations. Vous êtes présents dans quels pays et que leurs proposez-vous ?

NM : Nous travaillons avec quasiment toute l'Europe, principalement la France, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne, mais aussi l'Afrique du Sud ou l’Equateur. Nous commençons à nous développer également en Amérique du Nord et du Sud, dont notamment le Brésil.

AWEX : Qu’attendez du coup de cette participation à la mission princière ? Vous avez un objectif ou des attentes en particulier ?

NM : Nous avons commencé à travailler avec le Brésil il y a quelques mois, avant l’annonce de la tenue d’une mission économique belge. Pays majeur, et symbolique, de l’agribusiness et des enjeux environnementaux qui y sont liés, c’était logique pour nous d’y prospecter et de nous créer un réseau de partenaires. Développer des projets, tester et valider nos produits dans un pays ça prend du temps, mais on peut dire que la mission tombe donc à point pour aller sur place, se rendre compte de la réalité du pays, de rencontrer des sociétés, des distributeurs, des universités et centre de recherche, visiter des exploitations agricoles.

AWEX : Quelles sont vos attentes par rapport à la Mission économique princière au Brésil ?

NM : On espère trouver des universités prêtes à tester notre produit. Nous l’avons déjà fait avec l’université de Paraíba sur la cercosporiose du café et les résultats sont très positifs. On souhaite aller beaucoup plus loin à présent. Scientifiquement, c’est prometteur, mais nous devons voir si commercialement ce serait intéressant ou pas. Nous devons donc mieux nous rendre compte de la réalité de terrain, prendre des contacts avec des distributeurs… Pour ça une mission princière c’est top car ça nous donne davantage de visibilité.

Nicolas De Menten, Regulatory Manager chez FytoFend

"Venir en collectivité belge et/ou wallonne, ça simplifie fortement notre organisation, nous donne plus de visibilité et ça nous permets de nous concentrer sur l’essentiel : la prospection et l’entretien de notre réseau."

AWEX : Que représente pour vous le marché brésilien en terme de potentiel ? On parle beaucoup d'agriculture d'agri business d'agro écologie comment percevez-vous le Brésil ?

NM : Le Brésil honnêtement c'est un des plus gros marchés ‘agro’ au monde. En surface, on parle de centaines de milliers d’hectares de culture, cohabitant avec certains des plus riches écosystèmes au monde comme la forêt amazonienne ou le Cerrado. C’est donc intéressant pour nous, même si nos produits sont, pour le moment, des solutions plus adaptées aux cultures de niches comme le café ou la banane. Nous ne les avons pas encore développées, pour le moment, pour le soja ou le maïs qui sont les principales cultures brésiliennes et représentent des millions d'hectares. Mais bon, ici on parle du Brésil. Il faut penser à la taille gigantesque du pays. La tomate, par exemple c'est une culture avec laquelle notre produit fonctionne très bien. Même si c'est une culture plus mineure au Brésil, elle représente tout de même énormément d'hectares. Si nous parvenons à pénétrer ce sous-secteur, faible en terme de pourcentage, ça reste tout de même très important en terme de surfaces dédiées à l’agriculture durable. Bonne nouvelle, depuis plusieurs années,  le Brésil fait d’énormes efforts pour réformer, moderniser et durabiliser son agriculture. Le must pour nous serait un allègement des taxes sur nos types de solutions.

AWEX : Comment vous voyez développement futur à l'international le développement de phytophages c'est quoi un peu enfin dans les dans les grandes lignes mais vos attentes vos votre stratégie ou des marchés ou vous voyez comme prometteurs ?  

NM : Dans un premier temps nous aimerions bien nous renforcer en Europe et travailler avec les pays où nous ne sommes pas encore présents. Comme pour le Brésil, nous aimerions nous renforcer en Amérique latine. Nous vendons déjà en Equateur, au Costa Rica et en République Dominicaine, mais il y a encore de nombreux autres marchés à prospecter. Concernant l'Amérique du Nord et l’Australie, il y a beaucoup de potentiel et nos dossiers sont en cours d'évaluation mais nous en sommes encore au début.  A contrario, nous n’avons pas encore exploré du tout l'Asie, même s’il y a aussi beaucoup de potentiel.

AWEX : Est-ce que vous avez un mot à dire sur votre parcours international avec l’AWEX ?

NM : Il y a évidemment la Mission Princière qui se déroule pour le moment ici au Brésil. Nous avons déjà par le passé participé à plusieurs actions avec l’AWEX, comme l’ABIM, le salon international du biocontrôle (Bâle). Venir en collectivité belge et/ou wallonne, ça simplifie fortement notre organisation, nous donne plus de visibilité et ça nous permets de nous concentrer sur l’essentiel : la prospection et l’entretien de notre réseau. C’est une bonne opportunité pour Fytofend et nous n’aurions jamais pu faire cela seul.

 

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