Du 23 au 27 septembre 2024,  38 entreprises belges, dont 21 wallonnes, participent à Berlin au plus grand salon international du matériel ferroviaire. Multisectorielles et multiservices, les sociétés wallonnes s’intègrent à l’économie mondialisée du rail grâce à un savoir-faire technique et technologique mêlant tradition et innovation. Où exportent-elles ? Quelles sont leurs attentes ? On en parle avec la société carolo Daxi.

Elles exportent aux 4 coins du monde et couvrent presque tous les métiers de l’univers du rail. Certaines sont plus que centenaires, d’autres de jeunes startups prometteuses. Toutes ont en commun de redonner au train ses lettres de noblesse : Un transport rapide, sûr, innovant et répondant aux enjeux de durabilité et de décarbonation voulu par l’Europe et ses partenaires. Elles se sont les sociétés wallonnes présentes à Berlin à Innotrans, le plus grand rendez-vous mondial du secteur ferroviaire.

Comme nous l’avons dit, tous les métiers sont représentés dans la capitale allemande, des producteurs de moteurs en passant par les monteurs de locomotives ou encore des développeurs de solutions intégrées de signalisation ayant recours à l’IA. Sur le stand belge, piloté par Wallonia Export & Investment Agency (AWEX) et Infrabel, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire belge, des dizaines de PME ont fait le déplacement pour présenter leurs produits et services auprès des délégations venues du monde entier.

Qui sont-elles ? Quelles sont leurs attentes et objectifs pour un tel salon ? On en a parlé par la société carolo Daxi, spécialisée dans le reconditionnement de voitures de chemin de fer.

 

La société Daxi, présente à Innotrans avec 24 autres sociétés belges au pavillon Infrabel-AWEx

Wallonia Export & Investment Agency (AWEX) :  Bonjour Bruno, j’espère que tout roule pour vous. Pourriez-vous d’abord nous dire ce que fait Daxi ?

Bruno Hubert (BH) : Daxi est une entreprise spécialisée dans les équipements ferroviaires. Fondée à Charleroi en 1989, notre histoire est étroitement liée à un site qui fabriquait autrefois des locomotives. Lorsque ce site a été vidé, nous avons démarré notre activité en nous spécialisant sur les technologies liées aux aiguillages et les voies ferrées en général. Progressivement, nous avons élargi nos compétences pour inclure l’ensemble des systèmes de voie.

Notre activité se divise en plusieurs segments : nous fabriquons du matériel de voie (comme des aiguillages ou des boîtes de manœuvre), avons une branche de trading et nous effectuons des modifications sur le matériel roulant (rolling stock). Parmi nos clients, nous comptons des entreprises d'entretien ferroviaire comme Eurotunnel et Infrabel. Nous travaillons avec trois types de clients principaux : les gestionnaires d'infrastructures (comme Infrabel et certains en Afrique), les entreprises de construction ferroviaire (comme pour le tram de Liège), et les clients privés (comme Prayon ou le port d’Anvers), qui ont besoin de solutions sur mesure pour leurs secteurs spécifiques.

Il y a cinq ans, nous avons repris l’entreprise et avons orienté davantage notre activité vers la conception. Aujourd'hui, nous comptons une quinzaine d'employés, mais grâce à nos nombreux partenaires et sous-traitants, nous travaillons généralement avec une équipe de 25 personnes.

AWEX : Quel est votre rayonnement à l’international ?

BH : Nous travaillons principalement avec la France, mais également avec l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas. En dehors de l’Europe, notre grand marché à l'export est l'Afrique subsaharienne ainsi que le Maghreb. Nous suivons également certains projets ponctuels à l’international. Par exemple, aux Philippines et en Uruguay, nous avons participé à la livraison de 26 wagons ballast pour construire une voie de 500 km destinée à une usine de pâte à papier. Nous sommes également impliqués dans le projet du métro d’Abidjan.

AWEX : Et quels sont les atouts de Daxi ? Ceux qui vous permettent d’être compétitifs et de vous différencier de la concurrence ?

BH : Nous offrons des solutions à la fois économiques et ingénieuses, mais toujours avec une attention maximale à la sécurité. L'automatisation et la rationalisation sont au cœur de notre approche : nous prenons le meilleur de chaque pays où nous travaillons et l'améliorons. Cependant, contrairement aux grands acteurs du secteur, nous ne faisons pas de volume élevé et ne travaillons donc pas avec ceux qui recherchent une standardisation maximale.

Bien sûr, il existe des concurrents dans notre domaine, mais notre grande force est notre fiabilité et notre proximité avec nos clients. Nous sommes flexibles et réactifs, ce qui nous permet de mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque projet.

AWEX : Qui sont les acteurs dominants dans le secteur ferroviaire aujourd’hui ?

BH : L’Europe reste un acteur majeur, avec l'Allemagne et la Suisse qui se démarquent. Les États-Unis, en revanche, sont moins présents. Mais le pays qui connaît la plus forte progression est sans aucun doute la Chine.

AWEX : Comment percevez-vous l’image de la Belgique dans votre secteur ?

BH : La Belgique reste un acteur important avec des entreprises qui continuent de rayonner, comme Tuc Rail ou Transurb. Le savoir-faire technologique et l’ingénierie belge sont toujours reconnus. Ce qui distingue particulièrement la Belgique, c’est son côté pragmatique. Les Belges sont décomplexés et "easy going" : ils essaient, et souvent, cela marche !

Bruno Hubert, CEO de Daxi

"Le client idéal est celui qui est ouvert techniquement. Il y a encore beaucoup de conservatisme dans ce secteur, et il est important de collaborer avec des clients curieux, ouverts aux nouvelles technologies et prêts à faire confiance à des innovations."

AWEX : Quel est pour vous le client idéal ?

BH : Le client idéal est celui qui est ouvert techniquement. Il y a encore beaucoup de conservatisme dans ce secteur, et il est important de collaborer avec des clients curieux, ouverts aux nouvelles technologies et prêts à faire confiance à des innovations. Ce que nous aimons particulièrement, c’est trouver des solutions astucieuses qui apportent une véritable rupture avec les pratiques habituelles, puis, si cela fonctionne, les produire en série. Nous appelons cela un “Project Product”.

Un exemple marquant : pour Eurotunnel, nous avons développé une solution astucieuse qui nous a permis d'adapter certaines normes techniques et de concevoir des bogies d'ateliers, maintenant utilisés sur toutes les rames qui traversent la Manche.

AWEX : C’est quoi pour vous un salon Innotrans réussi ?

Pour nous, un InnoTrans réussi est un salon où nous rencontrons une partie de nos clients, mais c’est aussi une occasion de prospecter et d’explorer de nouvelles grappes d’écosystèmes. Nous y allons souvent pour découvrir de nouvelles opportunités. Le fait d‘être ici présent sur un pavillon belge avec Infrabel et l’AWEX, c’est un atout important, ça nous donne une touche belge et surtout davantage de visibilité.

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