Nous sommes au Caire, plus grande ville d’Egypte et la 2^e plus peuplée du continent africain. Confrontées à des enjeux économiques, de mobilité et démographiques titanesques, les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour moderniser la capitale. En plein bouleversement urbanistique, le Caire lance régulièrement certains des plus importants méga-chantiers du continent, voire du monde entier.

Dernier exemple en date, le pont Rod El Farag dont la principale mission est de relier les quartiers Est et Ouest du Caire en enjambant le Nil. En digne héritier de ses ancêtres bâtisseurs, ce pont à haubans est détenteur du record mondial de l’ouvrage le plus large du monde (64,8 mètres) pour une longueur de 540 mètres. Réalisé en à peine 3 ans, ce dernier a nécessité l’expertise de plus de 4000 ingénieurs et de centaines de sociétés. Toutefois, l’ouvrage nécessite encore pour être complètement achevé d’une intervention bien spécifique. C’est une société wallonne, namuroise plus précisément, qui va poser la cerise sur le gâteau.  

Un destin entre les mains d’une société namuroise

Quid du suivi de l’état du pont une fois mis en service ? Afin de lui éviter un sort funeste, comme ce fut le cas pour le viaduc de Gênes en Italie, le gouvernement égyptien et les maîtres d’œuvre ont mandaté la société CGEOS pour proposer une solution complète de surveillance numérique. Celle-ci reprend également l’implémentation des stations de surveillance GNSS sur toute la structure et deux stations de base GNSS  (Global Navigation Satellite System) pour délivrer les observations corrigées en vue de délivrer des positions sous-centimétriques. Le but : garantir un suivi au plus près de l’évolution de l’état de fatigue du Rod El Farag soumis à un trafic intense et à des effets météorologiques extrêmes. Ces stations doivent délivrer en temps réels leurs positions 3D et être combinées avec les autres capteurs (accéléromètres, inclinomètres, jauges diverses etc.) pour former un véritable modèle de déformation.

En partenariat avec les sociétés VCE GmbH de Vienne et DuSense LLC de Dubai, CGEOS aura également en charge la coordination de ses partenaires vis-à-vis des autorités Égyptiennes, la configuration des capteurs, l’installation des logiciels ainsi que toutes les obligations techniques nécessaire à la surveillance de l’ouvrage.

CGEOS au chevet des plus grands ouvrages d’art

Créée en 2014 par Prof. Joël van Cranenbroeck, Géomètre-Conseil et expert international en GNSS, collaborateur scientifique des Universités de Liège, Gembloux et récemment UCLouvain, la société CGEOS est spécialisée dans les prestations de services (implémentation, surveillance, auscultation) et de conseils (expertises) en ingénierie géodésique, particulièrement dans le domaine du positionnement et de la navigation par GNSS.

Basée dans la région de Namur, la société intervient dans le monde entier sur des chantiers impliquant la construction de hautes tours, de ponts et autres ouvrages d’art, notamment à Koweït city, Dubaï, Rabat au Maroc, Göteborg en Suède ou encore Rottweil en Allemagne pour la tour test de la société Thyssen Krupp.

Les interventions de CGEOS ont pour but de doter les plus grandes infrastructures de la planète en systèmes de surveillance dernier-cri pour garantir un suivi moderne et efficace de l’état de vétusté des ouvrages d’art.

« La surveillance numérique des infrastructures du génie civil repose sur l'acquisition automatique des données et leur traitement en vue de produire un véritable modèle de déformation pouvant servir à décrire l'état de ces ouvrages d'art, de prédire des comportements liés à la fatigue et aux sollicitations des forces externes et donc de déclencher des inspections visuelles et des investigations ciblées en vue de préserver leur état et d'éviter des catastrophes, nous explique Mr. Joël Van Cranenbroeck. Nous sommes convaincus depuis des années, que tous les ouvrages d'art devraient être équipés de ce type de solution qui participe à l'émergence de l'Internet des Objets Connectés et de l'industrie 4.0. »

Croissance soutenue des exportations wallonnes vers l’Egypte

Comme nous l’avons déjà mentionné, le pont Tahya Misr fait partie d'une série de mégaprojets mis en œuvre par l’Egypte (nouvelle capitale dans le désert, élargissement du canal de Suez…), dont les besoins en expertises et technologies sont immenses. Si l’Egypte ne constitue « que » le 49^e pays partenaire de la Wallonie en termes d’exportations, les enjeux et les potentiels de collaboration ne sont pas négligeables (59,25 millions d’EUR en 2018).

Les volumes d’exportations vers l’Egypte ont connu un « boom » en 2018 (+81%), notamment pour les produits issus de l’industrie chimique et pharmaceutique, les équipements mécaniques, électriques, électroniques et optiques.

Si la collaboration de CGEOS reste modeste en termes de volume total et surtout compte-tenu des chantiers en cours en Egypte, elle n’en reste pas moins une étape importante qui devrait se traduire par de nouveau contrats pour la société namuroise. Et bien plus que cela, ce nouveau projet contribuera au rayonnement du savoir-faire wallon au pays des pharaons.