1950-2020 : 1 famille au service des entreprises belges au Royaume saoudien
Riyadh vous souhaite la bienvenue Mr. Lacroix ! Même mot d’accueil, même famille, mais 70 ans d’écart et 2 générations séparent la première arrivée de Roger Lacroix, agent belge au service du commerce extérieur du Royaume puis celle d’Adrien Lacroix, petit-fils éponyme et… également agent belge au service du commerce international et des investissements étrangers en Région wallonne. Alors que pour le premier, l’Arabie Saoudite et le Moyen Orient évoquaient davantage les milles et une nuit et les terrae incognitae (bien que la prospection pétrolière commençait déjà), pour le second (ou plutôt troisième), le Royaume saoudien rime plutôt avec gigantisme, boom économique et ouverture sur le monde. 2 époques, mais des objectifs et des enjeux toujours d'actualité.
Laissez-nous vous relater l'histoire d'Adrien Lacroix, conseiller économique et commercial à l’Agence Wallonne à l’Exportation et aux investissements étrangers (AWEX) et celle de son grand-père Roger Lacroix, qui a travaillé pour la même mission de 1950 à 1957, en tant que conseiller à l'Office Belge du Commerce Extérieur, l’organisme en charge du commerce extérieur belge à l’époque.
1950 – 2020 : 2 générations de prospecteurs au service des entreprises belges
Nous sommes 1957. Alors que les Soviétiques envoient le premier satellite artificiel dans l’espace, les autorités belges décident, à travers leur agence au commerce extérieur, d’envoyer Roger Lacroix en mission d’exploration commerciale au Moyen-Orient. Agent de la defunte OBCE, Roger Lacroix a déjà été envoyé régulièrement en mission à l'étranger pour assister à des foires commerciales internationales, mener des études de marché et appuyer les délégations belges lors de leurs visites. Cette fois-ci, il prend le bateau direction Djedda sur la mer rouge et porte d’entrée du Moyen-Orient.
Coïncidence, 70 ans plus tard, en 2021, Adrien marche sur les traces de son grand-père en débarquant à l’aéroport de Riyadh, capitale de l’Arabie Saoudite, cette fois pour l’AWEX. Même région, mêmes missions. « Mes missions en Arabie Saoudite, Oman et au Yémen pour l’AWEX sont doubles : je suis là pour aider les entreprises belges, et plus particulièrement les entreprises wallonnes à se développer en Arabie Saoudite, trouver des partenaires, et les accompagner dans leurs missions ou des délégations d'une part, et attirer l'attention des investisseurs locaux sur le potentiel de l'économie wallonne d'autre part. En d'autres termes, mon travail consiste à améliorer et à renforcer les relations commerciales entre les deux pays », a expliqué récemment Adrien à Arab News. Mais en déménageant à Riyadh, Adrien n'était pas au courant du passé dans la région de son grand-père. C’est un de ses proches qui a mentionné que Roger Lacroix a vécu et travaillé au Moyen-Orient.
Roger au pays de l’or noir
Roger Lacroix est décédé il y a longtemps déjà, à l'âge de 49 ans, alors que le père d'Adrien n'avait que neuf ans. Ce dernier ne l'a jamais rencontré en personne. "On ne m'a jamais rien dit sur des fonctions précédentes, sauf de vagues informations qu'il voyageait, qu'il était impliqué dans des affaires et qu'il travaillait pour l'État en tant que fonctionnaire", a partagé avec nous Adrien. En recherchant certains documents de son grand-père, Adrien finit par trouver son passeport d’origine dans les affaires de sa grand-mère. Cet été, Adrien s'est rendu dans les archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères en Belgique et a découvert que Roger Lacroix avait été envoyé pour mener des études de marché dans neuf pays du Moyen-Orient. «Il faut imaginer dans quel environnement voyageait mon grand-père, les conditions de déplacement en 1950. Arrivée en bateau à Djedda, déplacements via des liaisons routières pratiquement inexistantes, une seule route asphaltée dans le pays, reliant Djeddah à La Mecque. C'était pour moi assez impressionnant... ce travail de prospection et de recherche qu'il a fait, rassembler toutes ces informations, prendre des photos et voyager à l'époque dans tous ces pays. » Il faut savoir que la Belgique n'avait pas d'ambassade en Arabie au début des années 50. Mais comme le Royaume grandissait rapidement, des prosecteurs se rendaient régulièrement dans la région et une ambassade est vite devenue nécessaire. Ce fut chose faite en 1955 à Djeddah, principal port et poumon économique du pays. « Grâce à la contribution de Roger Lacroix, l'État belge a décidé qu'il était crucial d'avoir une présence physique en Arabie saoudite, en particulier pour aider nos entreprises à soumissionner à des projets, à maintenir des liens plus étroits avec des partenaires commerciaux et à faire connaître les talents, l'économie et les produits belges. » précise Adrien.
En effet, pour y parvenir, les autorités belges vont pouvoir s’appuyer sur une étude décisive que produira son grand-père à son retour au plat pays. C’est d’ailleurs l’un des documents qu'Adrien a trouvé en faisant ses recherches : l’étude réalisée par Roger sur l'Arabie saoudite : "The West's View: Saudi Arabia in the 1950s".
Très peu connue à l’époque, l’Arabie Saoudite est analysée en détail par l’aîné Lacroix pour le compte de l’état belge. Le texte propose une plongée dans l'ancienne Arabie saoudite. Il rend compte de la situation géographique, économique et sociale du pays du point de vue d'un émissaire du gouvernement belge qui souhaitait améliorer les activités commerciales avec le Royaume. Le pays était en plein développement sous le règne du roi Abdulaziz, près de quinze ans après la découverte du pétrole. L'article décrit les grands projets en cours dans le Royaume à l'époque, principalement financés par les redevances provenant de l'exploitation pétrolière. La construction d'un oléoduc menant à la Méditerranée, des jetées dans les ports de Djeddah et de Dammam, et la planification d'un grand réseau routier reliant l'Arabie saoudite à tous les centres de la péninsule arabique sont autant d'exemples du développement économique qu’a connu le pays grâce aux revenus pétroliers.
Adrien Lacroix, CEC AWEX à Riyadh
"Les partenaires commerciaux saoudiens ont besoin de vous voir, de vous parler, de maintenir le lien avec leur homologue belge car culturellement, les relations interpersonnelles sont cruciales en Arabie saoudite"
Riyad where it all happens
L'Arabie saoudite, qui tirait l'essentiel de ses bénéfices des visites des pèlerins (à l'époque, environ 150 000 pèlerins visitaient La Mecque chaque année) avant de découvrir puis d’exploiter ses champs pétrolifères, est devenue un partenaire commercial et un terrain d'investissement très convoité pour l'Occident. Au moment où l’étude de Roger Lacroix est diffusée dans les cénacles industriels belges, Riyad comptait 50 000 habitants et la population bédouine dominait le pays. Les Saoudiens s’intéressaient alors principalement aux produits alimentaires populaires tels que le beurre ou les fruits et légumes en conserve. Symbole de la nouvelle ouverture du pays, Djeddah venait à peine d'abattre ses murs pour faire place à de nouveaux hangars, entrepôts et résidences privées. Roger Lacroix conclut avec justesse dans son étude : « L'Arabie saoudite, qui a longtemps été fermée à la civilisation occidentale, nous donne notre chance. C'est à nous de nous en emparer. »
« Ce qui est intéressant avec cette étude de 1950, c’est à quel point certaines conclusions sont encore totalement d’actualité aujourd’hui », note Adrien. Roger Lacroix a souligné dans son étude que les entrepreneurs belges devaient avoir une forte présence dans le Royaume et le Moyen-Orient et venir physiquement car les Saoudiens et les hommes d’affaires de tout le sous-continent ont besoin de les voir en personne. « On ne pouvait pas simplement envoyer une offre par courrier, et c'est encore très vrai aujourd'hui. Les partenaires commerciaux saoudiens ont besoin de vous voir, de vous parler, de maintenir le lien avec leur homologue belge car culturellement, les relations interpersonnelles sont cruciales en Arabie saoudite », précise Adrien.
Roger Lacroix mentionne notamment que les produits (construction & ferroviaire issus du ciment, fer, acier…) proposés par les entreprises belges sont parfaitement adaptés aux besoins en développement de l'économie saoudienne à l'époque. L'Arabie saoudite se développant rapidement grâce à la croissance de l'industrie pétrolière et gazière, elle a logiquement besoin de ces produits de construction et de ces équipements de transport. Aujourd'hui, les besoins sont toujours énormes, mais ce sont d’autres zones géographiques qui sont devenues les principaux clients de l’Arabie Saoudite sur ces secteurs. La Belgique exporte dorénavant essentiellement des produits chimiques et pharmaceutiques, tels que des vaccins.
Le petit-fils aurait souhaité que son grand-père soit vivant pour pouvoir discuter de ce qu'il a fait et de ses impressions sur l'Arabie saoudite. « J'aimerais lui montrer à quel point le pays a changé. Je pense que c'est quelque chose auquel vous ne vous attendiez pas à ce moment-là. C'est assez incroyable et tellement excitant de faire partie de ce changement maintenant. J'aimerais aussi qu'il découvre mon travail. Je pense beaucoup à lui. »
Concernant la communauté des affaires saoudiennes, Adrien conseille aux investisseurs saoudiens que s'ils recherchent des solutions innovantes à l'étranger, ils devraient envisager d'autres fournisseurs. « Bien qu'elle soit en grande partie inconnue du grand public, la Belgique est un champion de classe mondiale dans des secteurs conformes à la Vision 2030 du Royaume tels que la santé, l'hydrogène, le divertissement, l'ingénierie mécanique, l'alimentation et les boissons ou la logistique. Mon travail et mon plaisir c’est de pouvoir mettre en contact les bonnes personnes pour qu'ensemble elles puissent réaliser des merveilles.
Et pour Adrien de conclure : « Ce n'est pas un hasard si le célèbre proverbe arabe « l'unité est le pouvoir » ressemble à la devise belge « l'union fait la force ».
Le marché du Royaume saoudien
L'Arabie saoudite a été frappée par 2 chocs pendant la crise du COVID-19 : la propagation du virus et la baisse des prix du pétrole (en cours de redressement). Selon le FMI, le PIB du pays devrait enregistrer une croissance de 2.4% en 2021 et 4.8% en 2023. Le déficit et la dette publique ont augmenté de 6 et 8 points pour atteindre 12 et 32,4% du PIB en 2020 suite aux mesures de soutien supplémentaires à l’économie pour lutter contre la crise. Le déficit devrait se résorber graduellement jusqu’en 2023.
Des opportunités devraient apparaître dans le domaine médical, notamment grâce aux changements de lois qui permettent à un actionnaire privé de détenir 100% de l’actionnariat. Les technologies de l’information, la technologie financière (« fintech »), l’éducation à distance et le tourisme et l'entertainment vont continuer à se développer fortement après la crise.
Toutes les informations utiles pour découvrir le marché saoudien sont sur notre site.
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Ce programme étant susceptible d’être mis à jour régulièrement, notamment en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.