Panama : Grands projets d’infrastructure
Les autorités panaméennes ont inscrit au budget 2020 un programme d’investissements sans précédent en projets d’infrastructure pour un montant total de 3 milliards de dollars. Ont été sélectionnés 17 projets dont la ligne 3 du métro de la capitale et le quatrième pont enjambant le Canal du Panama. Ces projets seront ouverts à des consortia internationaux dans le cadre de partenariats publics-privés (PPP). On estime que ce programme dopera la croissance panaméenne à plus de 4 % en 2020.
Les résultats de l’appel d’offres pour la conception et la construction de la ligne 3 du métro ainsi que l’annonce des travaux du quatrième pont sur le canal de Panama, qui devraient débuter à la fin du mois de mars, présagent un avenir radieux pour ces deux projets d’envergure à caractère public sur lesquels repose l’espoir de relancer l’économie panaméenne en ce début 2020.
Le projet de construction avait été retardé car le nouveau pont devait à l’origine ouvrir la voie à la troisième ligne du métro, mais le gouvernement en place a pris la décision de scinder les deux projets, ce qui implique des changements dans la conception de l’infrastructure et des coûts de construction différents.
Le projet de la ligne 3 était au point mort car les entreprises soumissionnaires disqualifiées avaient contesté l’attribution de ce marché public.
Le ministère panaméen des Travaux publics et le consortium qui a remporté l’appel d’offres, un consortium chinois, ont annoncé avoir commencé à travailler sur les changements de conception et les coûts qu’ils engendreront.
Pour l’heure, le Secrétariat du métro de Panama conduit des études pour déterminer le nouvel emplacement de cette troisième ligne qui devra enjamber le canal de Panama.
Ces deux projets d’infrastructure visent à régler les problèmes de congestion du trafic qu’endurent les habitants de la province de Panama Ouest. Ils devraient non seulement nécessiter une main-d’œuvre abondante, mais également relancer l’économie des districts de Arraiján et de La Chorrera une fois terminés.
Le ministère en charge du projet a annoncé que les travaux du quatrième pont débuteront par la relocalisation de différents bâtiments, structures et services publics, ainsi que par la construction d’ouvrages, dont la finalisation du pont temporaire d’accès qui devrait permettre la construction des fondations dans la zone ouest du Canal de Panama.
À cet égard, le ministre des Travaux publics Rafael Sabonge a précisé que les négociations avec le géant chinois se poursuivent, notamment pour entreprendre une refonte du projet de manière à limiter la hauteur des piliers, réduire les répercussions sur le port de Balboa et minimiser les sommes versées au consortium à titre compensatoire.
Plus tôt, lors d’une réunion avec la Chambre de commerce, de l’industrie et de l’agriculture du Panama, il a affirmé que, selon les estimations de Panama Ports Company (PPC), l’indemnisation devrait s’élever à 68 millions de dollars.
Selon le ministère, le calcul précis de la réduction des coûts de construction ne pourra être effectué qu’en poursuivant les études géotechniques. Les négociations entre les équipes techniques des deux organisations se poursuivront donc ces prochaines semaines afin de trouver un terrain d’entente.
M. Sabonge a ensuite annoncé un appel d’offres pour la conception, la construction et le financement du viaduc marin qui reliera la Cinta Costera III (« périphérique côtier » en français), dont le coût devrait s’élever à 50 millions de dollars, et comprendra un kilomètre d’autoroute à quatre voies, une piste cyclable, une voie piétonne et un belvédère marin.
Il a déclaré que le projet arriverait à son terme dans 22 mois, en mars 2022, juste avant le début des Jeux d’Amérique centrale et des Caraïbes qui se dérouleront au centre de convention d’Amador.
D’après, le ministre de l’Économie et des Finances du Panama Héctor Alexander, le pays connaîtra une croissance d’au moins 4 % en 2020 grâce à des investissements publics de plus de 3 milliards de dollars et à la réalisation de 17 projets dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) pour plus de 2 milliards de dollars.
H. Alexander a également souligné que les exportations de cuivre compteront aussi parmi les activités économiques les plus rentables en 2020, au même titre que les aides au logement qui génèrent des investissements de 250 millions de dollars dans des solutions de logement consacrées à l’intérêt social.
Il convient également de mentionner l’inauguration du nouveau terminal de l’aéroport international de Tocumen et la rénovation du centre de convention d’Amador, deux projets d’une importance capitale pour le tourisme qui auront une grande incidence sur l’économie panaméenne.
Samuel Moreno, le président du Collège national des économistes, a estimé que le lancement de ces projets dissipera progressivement le brouillard du ralentissement économique et permettra de redresser le pays avec une croissance de 4 % en 2020.
Il a mis en exergue que ces énormes chantiers ont une incidence positive dans la mesure où ils créent non seulement de l’emploi et augmentent la consommation, mais se traduisent également par une hausse des ventes de matériaux de construction, de matériel industriel et d’équipement lourd, entre autres. À ces effets bénéfiques, il convient d’ajouter les investissements publics de 3 milliards de dollars et la réalisation de 17 projets à hauteur de 2 milliards grâce à des partenariats public-privé, comme l’a annoncé le gouvernement.
« L’exécution des budgets d’investissement des ministères et des institutions est essentiel », a indiqué M. Moreno avant d’ajouter que cette démarche est déterminante pour développer le secteur du tourisme et favoriser les exportations.
Il nourrit l’espoir de voir les investissements étrangers directs contribuer au développement du pays et continuer de croître comme au cours de ces dernières années, devenant un rouage de l’économie panaméenne.
Les entreprises attendent beaucoup de ces projets phares, comme l’observe le Conseil national de l’entreprise privée du Panama (Conep), qui regroupe une trentaine de fédérations patronales, en affirmant qu’ils sont nécessaires pour accélérer la reprise économique et la création d’emplois et ainsi augmenter la consommation, qui se trouve presque paralysée.
Source : El Capital financiero - janvier 2020