Les voitures électriques contribuent au boom des mines de lithium aux États-Unis
Le lithium, un métal argenté si léger qu’il flotte sur l’eau, a été surnommé « l’or blanc ». L’élément chimique jouera un rôle essentiel dans l’avenir du secteur automobile, qui utilise toujours plus de puissantes batteries nécessitant ce métal et qui respecte les échéances climatiques pour une économie mondiale sans carbone.
Après s’être reposées durant des décennies sur les importations, différentes nations se précipitent à présent pour assurer leur propre demande intérieure et s’approvisionner en cet ingrédient essentiel, également utilisé dans la fabrication de la céramique, du verre, des lubrifiants et des polymères. Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), la sécurité d’approvisionnement en lithium est devenue une priorité pour les entreprises technologiques aux États-Unis et en Asie. Le Département de l’Intérieur des États-Unis a inscrit le lithium sur la liste des minéraux essentiels en 2018, en accélérant la délivrance des permis d’exploitation de mines.
L’Amérique du Sud reste le premier pourvoyeur de lithium à l’échelle internationale (93% des importations américaines sont issues d’Argentine et du Chili). Selon l’Institut d'études géologiques des États-Unis, le pays possède une seule mine de lithium en activité située dans le Nevada et une seule installation permettant de recycler les batteries de véhicules au lithium-ion située dans l’Ohio.
Toutefois, les États-Unis détiennent 10% des réserves mondiales connues à ce jour, à savoir près de 73 millions de tonnes, et la ruée vers le lithium prend une ampleur considérable dans le pays, particulièrement dans l’Ouest américain, berceau des gisements les plus riches et les plus accessibles. Rien qu’en Californie, environ 2000 demandes d’exploitation de lithium ont été formulées pour près de 12 000 hectares de terres appartenant à l’État.
En janvier 2021, le Bureau of Land Management (BLM, bureau de gestion du territoire) a donné son aval pour la construction d’une mine à ciel ouvert d’environ 5,2 kilomètres carrés connue sous le nom de Thacker Pass et située dans le Nevada. Lorsqu’elle sera prête à être exploitée dans quelques années, elle sera la plus grande source d’approvisionnement en lithium du pays et produira près de 60 000 tonnes de carbonate de lithium pour batteries par an. La mine, propriété de l’entreprise canadienne Lithium Americas, devrait être opérationnelle pendant au moins 40 ans.
Une nouvelle façon d’exploiter les mines de lithium ?
L’extraction du lithium consomme des quantités astronomiques d’eau dans certaines des régions les plus arides du monde. La plus grande exploitation minière de lithium du monde se trouve au Chili, dans le désert d’Atacama, et pompe des millions de litres d’eau depuis des réserves souterraines qui s’amenuisent à vue d’œil, pour ensuite laisser cette eau s’évaporer dans de grands bassins qui s’étendent sur des kilomètres. Les minéraux obtenus à la suite de ce processus sont recueillis et raffinés. Chaque tonne de lithium extraite de cette manière nécessite l’utilisation de près de 68 000 litres d’eau douce et prend à peu près deux ans.
Selon des estimations, la mine de Thacker Pass dans le Nevada devrait utiliser une quantité moins importante d’eau, mais elle devra tout de même puiser dans les réserves souterraines et produire 5800 tonnes d’acide sulfurique par jour sur place. Selon les informations recueillies par le média High Country News, il faudra expédier vers les villes de la région ces produits chimiques caustiques par train et par camion à hauteur de 200 chargements par jour. Certains résidents locaux et des groupes de défense environnementale ont accusé l’administration Trump d’avoir accéléré le processus d’approbation de la mine pour qu’il soit clôturé en moins d’un an et ont poursuivi le gouvernement fédéral en justice afin de faire cesser la construction.
Cependant, la ruée vers le lithium de l’Amérique ne doit pas ressembler aux vieux booms miniers. L’un des nouveaux moyens d’extraction des minéraux ne gaspille presque pas d’eau. Lilac Solutions, une entreprise soutenue par l’organisation Breakthrough Energy Ventures de Bill Gates, extrait le lithium dissous directement depuis des saumures sous la surface, qui renferment 75% du lithium du monde. Les perles de résine échangeuses d’ions immergées dans la saumure extraient près de 90% du lithium, laissant derrière elles les minéraux indésirables. L’eau restante est ensuite réinjectée directement dans son réservoir d’origine.
La technique est à présent appliquée à toutes les mines de lithium dans le monde et pourrait faire ses débuts aux États-Unis dans le lac Salton Sea en Californie, un foyer géothermique d’énergie. Le groupe énergétique Controlled Geothermal Resources prévoit de mettre en œuvre son projet Hell’s Kitchen Lithium and Power en 2023, l’une des premières nouvelles centrales géothermiques américaines depuis près d’une décennie. Si l’opération est un franc succès, la centrale permettra d’extraire le lithium en produisant de l’énergie neutre en carbone et très peu de déchets.
Source : Quartz