Le vaccin belge de GSK contre le paludisme sera introduit en Afrique en 2018

 

L’Organisation mondiale de la santé lance un premier test grandeur nature pour le vaccin le plus avancé contre le paludisme.  Le Mosquirix, du géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline, a été développé, pendant trente ans, en Belgique. GSK s’est engagée à ne pas faire de profit avec ce vaccin.

Le paludisme est une maladie qui tue chaque année des centaines de milliers d’Africains.  Un vaccin dont tout le développement clinique est réalisé en Belgique dans les laboratoires de GlaxoSmithKline Vaccines à Wavre.

Ce programme pilote sera mené au Kenya, au Ghana et au Malawi, trois pays ayant participé à de précédents tests à plus petite échelle du « Mosquirix »  mis au point en partenariat avec l’ONG Path Malaria vaccine initiative et avec le soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates.

L’OMS ambitionne de vacciner au moins 360 000 enfants africains contre le paludisme de 2018 à 2020.  L’Afrique est de très loin le continent le plus touché par le paludisme, comptant pour 92% des 429 000 personnes tuées dans le monde en 2015 par cette maladie transmise par des moustiques et également appelée malaria.

Les enfants de moins de 5 ans représentent plus des deux tiers de ces décès.  Un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes, il s’agit d’un véritable fléau.

En juillet 2015, après la grande phase 3 de test d’efficacité et de sécurité menée avec succès dans les trois pays concernés, l’Agence européenne des médicaments avait accordé un avis scientifique positif au candidat vaccin contre le paludisme de GSK.  En janvier 2016, l’OMS avait annoncé que le vaccin serait introduit dans les pays d’Afrique subsaharienne via un programme pilote.

Le développement du Mosquirix a été une véritable saga, il a débuté dans les années 80.   Plus de trente ans de mise au point  du au changement d’aspect du parasite !

Le parasite en question est le Plasmodium falciparum, dont la prévalence est la plus importante en Afrique subsaharienne.  Le Mosquirx, qui agit au moins pendant 4 ans et demi, ne garantit toutefois pas une immunisation. 

Selon des tests menés de 2009 à 2014 sur 15 000 personnes au Kenya, au Ghana, au Malawi , au Burkina Faso, au Gabon, au Mozambique et en Tanzanie, il permet surtout de réduire de 40 % le nombre d’épisode paludiques, principalement les épisodes graves qui nécessitent une hospitalisation.

Le vaccin viendra compléter les traitements actuels et mesures préventives pour lutter contre le paludisme telles que les moustiquaires imprégnées de répulsif anti-moustique et la pulvérisation d’insecticides.

L’ensemble du programme de développement du vaccin et les études cliniques ont coûté de l’ordre du milliard d’euros depuis 1987.

GSK et Path collaborent pour faire donation des doses du vaccin qui seront utilisées dans la mise en œuvre du pilote. La société pharmaceutique s’est engagée à produire ensuite le Mosquirix à prix coûtant.

Le programme s’inscrit dans le cadre des efforts déployés depuis les années 90 pour éradiquer le paludisme. Entre 2000 et 2015, le nombre de personnes décédées de cette maladie a diminué de 62% alors que les moustiques qui la véhiculent craignent de moins en moins les insecticides.

Le nombre de nouveaux cas de paludisme a baissé de plus de 20% dans le monde entre 2010 et 2015, tandis que le nombre de décès est passé de près d’un million à moins de 500.000 par an. De plus en plus de voyageurs belges contractent cependant la maladie – 327 cas l’an dernier – et certains ont, pour la première fois, rechuté après avoir reçu le traitement standard contre la malaria, ce qui pose la question d’une éventuelle résistance aux médicaments, a indiqué lundi l’Institut de Médecine Tropicale (IMT) d’Anvers à la veille de la Journée mondiale du paludisme.

Les médecins cherchent à déterminer les raisons de cet échec qui peut résider soit dans une mauvaise absorption de la médication soit dans une forme de résistance face au traitement, mais cette dernière hypothèse n’a pas encore pu être vérifiée.

En Belgique, environ 9 cas de paludisme sur 10 ont été contractés en Afrique. Une part non négligeable des contaminations concerne les personnes qui se rendent dans leur pays d’origine. Une personne d’origine africaine qui vit en Belgique est plus vulnérable à la maladie étant donné qu’elle perd l’immunité partielle qu’elle avait acquise en étant exposée au parasite.

 

L’Echo, le 25 avril 2017

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