Le secteur de l’eau en Colombie
Défis hydriques observés et synthétisés:
La Colombie est riche en eau mais cette richesse ne profite malheureusement pas à tous les Colombiens !
Avec seulement 1 million de km², c´est le sixième pays avec la plus grande réserve d’eau douce au monde (après le Brésil, la Russie, le Canada, les Etats-Unis et la Chine), mais un tiers de la population urbaine souffre pourtant de « stress hydrique ». Selon certaines études récentes, on estime que 3,2 millions de colombiens n´ont toujours pas accès à l´eau potable dans le pays.
Suite au changement climatique et croissance démographique, la disponibilité en eau a diminué au cours des 2 dernières décennies. La Colombie a connu 2 périodes de sécheresse (niño) mais aussi de fortes et graves inondations (niña), ce qui met la Colombie dans les pays qui doivent affronter les symptômes de l’insécurité hydrique avec comme problèmes d’excès, de manque et de contamination de l’eau.
Bogota souffre déjà des conséquences de la sécheresse et la capitale colombienne a mis en place cette année 2024 une politique stricte de rationnement, à savoir qu’ils coupent carrément l’eau pendant 1 journée complète (24h) tous les 10 jours avec une tournante en fonction des quartiers de la capitale qui accueille tout de même 10 millions d´habitants (soit presque la Belgique dans une seule et même ville). Mais dans le pays, 391 municipalités sont dans le même cas et courent un risque de rationnement à court ou moyen terme. Le changement climatique a augmenté les anomalies pluviales et on prévoit que les températures moyennes jusque augmenteront 2,14 degrés d’ici la fin du siècle avec une augmentation et fréquence des phénomènes du Niño et de la Niña et la perte et fonte des glaciers sur les cordillères andines qui ont reculé de plus de 60% au cours des 50 dernières années.
La contamination de l’eau est un autre grave problème car on assiste à une dégradation toujours plus grave de la qualité des ressources hydriques du pays ce qui abîme fortement les écosystèmes et dans de nombreuses régions, l’eau est tellement contaminée que son contact direct est même dangereux, créant ainsi également des cercles vicieux de pauvreté, d’inégalité et de nombreux déplacements forcés. Pour info, la Colombie est un des pays au monde où il y a le plus de déplacements de population interne (sans compter les déplacés du Venezuela), ce qui rend difficile l’élaboration de plans de développement territorial et de politiques inclusives dans les régions rurales. Même si au niveau légal, il existe un cadre juridique favorable, le secteur fait face à des conflits d’intérêts et des sources de financements différents qui ne facilitent pas le design, l’implémentation et le suivi des politiques et investissements publiques dans ce domaine.
En conclusion, il existe encore des carences considérables dans les services de l’eau en Colombie : la couverture de gestion de distribution de l’eau couvre 73% au niveau national (avec seulement 40% dans les zones rurales) et la couverture sérieuse d’assainissement des eaux usées ne dépasse pas les 17%.