Secteurs porteurs
La crise du COVID-19 a accéléré l’évolution de l’économie norvégienne vers une économie encore plus circulaire, plus ‘verte’ et ‘bleue’ pour répondre et suivre la paln strategique Green Deal de la comminssion europeene. La Norvège a des objectifs ambitieux et met tout en œuvre pour respecter les accords de Paris sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.
1. Energies
Secteur offshore : Pétrole & gaz
L’exploitation des gisements de pétrole et de gaz de la mer du Nord, de la mer de Norvège et de la mer des Barents ont fait de la Norvège l’un des principaux exportateurs mondiaux. En effet, le pays est le troisième exportateur de gaz naturel au monde, derrière la Russie et le Qatar et fournit environ 20-25% de la demande de gaz de l'UE.
La Norvège est classée comme 15ème producteur de pétrole et ne fournit « que » environ 2% de la consommation mondiale de pétrole.
La compagnie pétrolière Equinor est la plus grosse société sur le socle norvégien, et pèse pour 1/3 des investissements. L’État détient 67% de ses actions.
Presque tout le pétrole et le gaz produits sur le plateau norvégien sont exportés. Ces produits pétroliers représentent environ 35% de la valeur totale des exportations norvégiennes de marchandises (environ 33 Mds EURO en 2020). Cela fait du pétrole et du gaz les produits d'exportation les plus importants de l'économie norvégienne.
Depuis fin 2019, la production du champ de pétrole Johan Sverdrup a débuté, il est de loin le plus important gisement de pétrole en production de la mer du Nord et il devrait apporter plus de 89 Mds EURO à l’état norvégien.
En 2020, les liquides pétroliers (brut, GNL et condensat) représentaient une part beaucoup plus importante de la valeur totale des exportations par rapport à la production de gaz naturel (environ 2 millions de barils par jour).
On estime qu’environ 50% des ressources gazières de la Norvège ont été exploitées à ce jour. Le niveau de production devrait rester élevé au cours des 15 à 20 prochaines années. Les estimations du Norwegian Petroleum Directorate indiquent que la production de pétrole et de gaz, après une légère baisse en 2018/2019, a augmenté en 2020 et devrait continuer d'augmenter jusqu'en 2024.
Environ 95% du gaz norvégien est acheminé via un réseau de pipelines sous-marins vers d'autres pays européens, tandis qu'environ 5% est exporté sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). La Belgique a une relation particulière à ce sujet avec 13% des exportations norvégiennes allant au terminal de Zeebrugge.
Le secteur a besoin de compétences très élevées et de matériel très avancé. La Norvège est en fait leader sur le marché des technologies sous-marines, des pipelines et des plates-formes flottantes ; technologies dont l’utilisation augmente.
Depuis quelques années, ce secteur se tourne vers des solutions innovantes et plus vertes : projets d’électrification des plates-formes pétrolières à partir du continent ou de champs éoliens (projet Hywind Tampen) pour réduire les émissions de CO2.
L’exploitation des gisements a aussi permis le développement d’une industrie connexe amont et aval très importante pour l’économie du pays et le secteur des services et des fournitures est la deuxième industrie en importance en Norvège en termes de chiffre d’affaires après la vente de pétrole et de gaz. Au total l’industrie pétrolière emploie 225.000 personnes.
Secteur des énergies vertes
Les « Certificats verts » ont été instaurés en Norvège pour stimuler les investissements dans les nouvelles productions d’énergies renouvelables.
En 2020, la Norvège a établi un nouveau record de production d'électricité à 154,2 TWh. C'est environ 10 TWh de plus que la moyenne des 5 dernières années. Un bon accès à l'eau dans les réservoirs et une capacité d'énergie éolienne accrue ont été parmi les raisons de la production record.
La Norvège développe maintenant plus de capacité de production d'énergie renouvelable qu'elle ne l'a fait depuis des décennies. L'énergie éolienne représente actuellement 10% de la capacité de production et domine désormais les investissements.
Deux acteurs clés publiques du secteur sont :
- Enova SF, sous le ministère du Climat et de l'Environnement, gère le Fonds pour l’énergie en Norvège. L’agence soutient massivement le développement de technologies énergétiques vertes.
- Statkraft, entreprise publique, est le premier producteur d’énergies renouvelables en Europe. Sa production d'électricité provient à 98 % d'énergies renouvelables. Statkraft a de nombreux projets à travers le monde (Royaume-Uni, Chili, Allemagne,…) dans les énergies vertes : champs éoliens, champs de panneaux solaires,…
Energie hydroélectrique :
L'hydroélectricité reste le pilier du système électrique norvégien. Au début de 2021, il y avait 1 681 centrales hydroélectriques en Norvège, avec une capacité installée combinée de 33 003 MW. Au cours d'une année normale, les centrales hydroélectriques norvégiennes produisent 136,4 TWh, soit 90% de la production totale d'électricité de la Norvège.
La quasi-totalité de la production d’électricité en Norvège provient donc de l’énergie hydroélectrique (99,6%) et 10% de cette production est exportée. En 2019, la Norvège se classe au 7e rang des producteurs d’hydroélectricité dans le monde et au premier rang en Europe.
De nombreux investissements se font dans l’optimalisation des installations existantes et l’augmentation de leur capacité. Près de 90 % de la production hydroélectrique appartient à des entités publiques, en particulier Statkraft qui possède 36 % de la puissance installée du pays. Les comtés et municipalités produisent 52 % de l'hydroélectricité du pays.
Energie éolienne :
L’exploitation de l’énergie éolienne représente le plus grand potentiel à court terme. Au début de 2021, il y avait 53 parcs éoliens on-shore en Norvège, pour une capacité de 3977 MW. En 2020, 1 405 MW d'énergie éolienne ont été mis en service en Norvège. Cela a contribué à la production de 9,9 TWh ou une augmentation de la production de 4,4 TWh par rapport à l'année précédente, ce qui est un nouveau record en Norvège. En 2020, l'énergie éolienne représentait 6,4% de la production totale d'électricité en Norvège. Au total, 59,3 TWh d'énergie éolienne ont été produits dans la région nordique.
L’intérêt et les investissements dans l’éolien off-shore (flottant et non flottant) sont énormes, a la taille des projets. Equinor se veut leader dans la reconversion vers les énergies renouvelables et utilise ses compétences et ressources, via les activités de sa filiale Equinor - New energy solutions. La société est notamment présente sur les parcs de Sherringham Shoal (UK), Dudgeon (UK), ARKONA (DE), Hywind Scotland Pilot Park (UK) et Dogger Bank (mer du Nord).
Le projet Hywind Tampen, qui sécurisera un tiers de l'alimentation électrique des champs pétrolifères de Snorre et Gullfaks grâce à l'éolien offshore, a été approuvé. C’est une première mondiale et ce sera la plus grande installation au monde et la première en Norvège pour l'éolien flottant en mer. Le démarrage de l'installation est prévu au printemps 2022.
Energie solaire :
La Norvège est un peu en retard par rapport à l’UE dans ce domaine mais avec de nouvelles exigences techniques de construction pour les maisons passives et l'introduction de bâtiments à énergie positive, l'énergie solaire (thermique et photovoltaïque) peut devenir un élément important pour répondre à ces normes.
La Norvège occupe une position privilégiée dans la chaine de valeur, depuis la production de silicium ultra pur pour les cellules photovoltaïques jusque dans des sociétés spécialisées dans les installations de mega-champs solaires ou encore dans la gestion du solaire pour le privé.
En 2020, environ 40 MW de nouvelle énergie solaire ont été installés en Norvège. Cela correspond à l'installation de 350 panneaux solaires par jour en 2020 (et une augmentation de 40% de la capacité de l'énergie solaire).
Début 2021, la capacité totale installée pour l'énergie solaire était de 160 MW en Norvège. Selon les statistiques, près de 90% de la capacité installée (correspondant à environ 7 000 systèmes photovoltaïques) étaient connectés au réseau électrique norvégien. Les statistiques montrent également que même si 85% des systèmes photovoltaïques sont des installations de moins de 15 kW, celles-ci ne représentent qu'un tiers de la capacité de production.
Des projets innovants avec des champs de panneaux solaires flottants sont aussi en cours.
Hydrogène :
La Norvège a déjà une position très forte dans la chaine de valeur grâce à ses ressources naturelles (eau et gaz) et ses fournisseurs de technologies pour la production, le transport et le stockage de l’hydrogène. Le pays veut se positionner comme leader technologique sur ce marché.
Le gouvernement a lancé en 2020 son plan stratégique pour l’hydrogène (un des axes stratégiques de la relance post Covid), qui contribuera au développement de la chaine de valeur autour de l’Hydrogène (production, le transport et le stockage).
Parmi les principaux projets dans différents domaines, on peut citer :
Transport maritime : utilisation de l’hydrogène comme carburant hybride
Industrie : utilisation de l’hydrogène pour la production ammoniaque vert ou comme agent réducteur dans la production de titane et de fer, développement de piles à hydrogène, …
CCS - Projet « Longship » :
Ce projet de CCS (Carbon Capture Storage) à grande échelle comprend la capture et le transport/stockage du CO₂. Le coût total du projet est estimé à 2,6 Mrd EUR sur 10 ans, l’état interviendrait pour environ 70% de ceux-ci.
-CC (Carbon Capture) : Un premier projet pilote avec le captage CO2 sur le site de la plus grosse cimenterie norvégienne est en train de voir le jour. Un autre projet déjà initié sur le site de l’incinérateur/chauffage urbain d’Oslo devrait compléter cette partie innovation sur le CC. Ces deux projets permettront de développer des technologies uniques et ainsi de faire du pays un leader sur ce marché.
-Northern Lights (Carbon Transport & Storage): Ce projet est une collaboration entre Equinor, Shell et Total. Le transport du CO₂ sera fait par bateaux vers Bergen, pour finalement être réinjecté et stocké dans des anciens gisements de pétrole/gaz. Ce projet ouvre aussi la possibilité d’importer le CO2 d’Europe (par bateau ou pipeline existant). Northern Lights est déjà en contact avec plusieurs clients, notamment en Belgique.
Batteries
La Norvège et l'industrie norvégienne ont un grand potentiel de croissance verte lié à l'établissement et à la production de matières premières pour les batteries, les éléments de batterie et le recyclage des matériaux issus des batteries. La chaîne de valeur des batteries offre une opportunité unique de créer une nouvelle industrie durable, plus d'emplois et des exportations accrues pour la Norvège.
Les opportunités norvégiennes dans les chaînes de valeur de l'électricité verte désignent la chaîne de valeur des batteries comme la plus grande opportunité d'exportation de la Norvège basée sur l'électrification, et indiquent que le potentiel d'exportation des batteries a un potentiel supérieur à celui de l'hydrogène et de l'éolien offshores combinés. Pour 2030, le potentiel de chiffre d'affaires s'élève à 10 Mds EURO et pour 2050, il avoisine les 20 Mds Euro.
La Norvège possède des avantages compétitifs mondiaux à la fois dans le traitement des matières premières, l'intégration dans le secteur maritime et le recyclage des batteries. La chaîne de valeur des batteries est vaste et recèle des opportunités uniques de création de valeur. Ainsi, plusieurs projets d’usines sont en cours aussi bien pour la production que pour le recyclage.
Bioénergie :
La valorisation des produits du bois en Norvège a été mise de côté pendant de nombreuses décennies, suite au succès pétrolier. Le plan stratégique du gouvernement sur la bioéconomie lance nombre de projets sur les unités de productions de biogaz et biocarburant.
2. Mines - Sidérurgie - Métallurgie
L’industrie métallurgique est l’une des plus grandes industries terrestres du pays. Les ressources géologiques sont abondantes et le pays comprend de très grands potentiels en termes de gisements de minéraux et de métaux (situés surtout dans le nord). On estime les gisements a env. 185 Mds €.
En février 2019, le gouvernement norvégien a officiellement donné son feu vert pour la construction d’une mine de cuivre dans l’Arctique. Une fois achevée, cette mine appartenant à la société norvégienne Nussir ASA deviendra la plus grande mine de cuivre du pays, avec des réserves estimées à 72 millions de tonnes de minerai.
Plusieurs entreprises sont parmi les premiers producteurs mondiaux de silicium pur (Elkem), et de silicium destiné aux plaques de siliciums et aux panneaux solaires (REC).
Le secteur métallurgique compte d’importantes sociétés actives e.a. dans la production d’aluminium, magnésium et ferro silicium. La Norvège est le quatrième exportateur d’aluminium dans le monde (Norsk Hydro, Alcoa et Alcan) et la plus grande unité de production au monde de MgO a aussi été récemment ouverte. Parmi les matières premières critiques (MRC) si importantes à l’Europe d'un point de vue économique et stratégique pour son économie, 30% de silicium métal vient de Norvège.
La plus grande quantité de métaux semi-finis est exportée, mais le pays dispose aussi d’une industrie propre de transformation de métaux, où les fonderies produisent différents composants et produits finis destinés à divers secteurs du génie mécanique tels que des pièces automobiles, composants pour la construction navale, etc.
En Norvège, les coûts liés à la main-d'œuvre sont assez élevés en raison du coût de la vie élevé mais l'électricité hydroélectrique est relativement bon marché. Ceci permet à la Norvège de concurrencer d'autres pays en produisant à moindre coût des produits particulièrement énergivores. La Norvège est, par exemple, devenue l’un des plus grands exportateurs d’aluminium au monde, bien qu’elle n’ait pas ses propres ressources en bauxite. Le pays peut acheter des minerais extraits dans d'autres pays et les transformer en aluminium, processus très énergivore, à un meilleur prix que la plupart des autres pays.
Si les industries norvégiennes de production de métaux sont aujourd'hui les plus propres et les plus écoénergétiques du monde, c’est grâce à une longue tradition d'innovation continue, où les partenaires de recherche comme SINTEF et l’université de Trondheim NTNU jouent un rôle important. Cependant pour faire face à une concurrence internationale croissante, l'industrie doit obtenir une production de meilleure qualité avec une utilisation plus efficace des ressources et de l'énergie.
3. Aquaculture - Pêche
En Norvège, les produits de la mer sont le second bien d’exportation après le pétrole, et le saumon représente 66%. La Norvège est aujourd’hui le deuxième plus gros exportateur mondial de poissons et de produits de la mer. Environ 95% de la production de saumon d’élevage est exportée dont 70% vers l’UE. La bourse d’Oslo est le plus important marché financier au monde pour ce secteur.
Depuis plusieurs années, les revenus provenant des poissons d’élevage ont décollé et dépassent aujourd’hui largement les revenus de poissons issus de la pêche traditionnelle. En 2020 par exemple, l'aquaculture représentait 70% de la valeur totale des exportations des produits de la mer et 44,9% du volume total de ces exportations. L’aquaculture représente donc la majorité des exportations norvégiennes de poissons et le secteur est devenu primordial pour le commerce extérieur de la Norvège.
Malgré la crise sanitaire liée au coronavirus, la Norvège a exporté 2,7 millions de tonnes de poisson en 2020 pour une valeur de 10,6 Mds EURO, le saumon d'élevage étant à nouveau en tête. Ce chiffre est tout juste inférieur au record de tous les temps de 10,7 Mds EURO, atteint en 2019.
Ce secteur doit aussi relever certains défis :
- Réduire l'empreinte carbone du saumon d'élevage. Celle-ci provient majoritairement de la production de produits d’alimentation pour les poissons
- Réduire l’impact écologique liées à l’élevage intensif des poissons : présence du pou du poisson, des niveaux accrus de maladie, le lessivage des nutriments et déclin des stocks de saumon sauvage.
Le gouvernement a l’ambition d’être le leader mondial dans l’exploitation durable des ressources marines et la production des produits de la mer, c’est pourquoi la Norvège s'est reposée sur une réglementation stricte, une surveillance rapprochée et un engagement répété pour le développement dans le respect des écosystèmes environnants.
Ce secteur est désormais à la pointe de la technologie grâce aux start-ups, entreprises et chercheurs qui repoussent les frontières de la technologie et de l'innovation : robots qui ramassent les oursins sans dégâts pour les fonds marins, technologie écho pour mesurer l’heure et la quantité de nourriture des saumons d’élevage, utilisation de big data, IA pour optimiser la gestion piscicultures,….. toute une gamme de nouvelles idées et technologies sont en train de faire avancer le secteur.
4. Biotechnologies
Les biotechnologies font parties intégrantes de la reconversion industrielle « post-pétrolière » de la Norvège.
En 2018, 26 millions EURO ont été attribués à différents projets regroupés en 4 secteurs positionnés à un niveau de compétence international :
- Biotek-agriculture : élevage, bio-banques et semences / plantes et interaction avec le climat
- Biotek-santé : principalement le domaine oncologique
- Biotek-marin : utilisation des ressources marines
- Biotek-industriel : utilisation de ressources telles que la biomasse et déchets
Des clusters et centres de recherche basés sur l’innovation ont également été créés. Parmi ceux-ci, on retrouve :
- Biotech North : cluster sur les secteurs de la biotechnologie et de la biomarine dans le nord de la Norvège
- Oslo Cancer cluster : pôle de recherche et de l'industrie en oncologie qui se consacre à l'amélioration de la vie des patients atteints de cancer en accélérant le développement de nouveaux diagnostics et traitements du cancer. En octobre 2020, la société norvégienne de cancérologie Vaccibody a conclu un accord mondial de licence et de collaboration avec Genentech / Roche pour une valeur de 593 millions EURO. C’est le plus grand accord jamais conclu dans le secteur norvégien de la biotechnologie.
- Centres sur la biotechnologie industrielle : Sintef AS, Norce, NTNU et NMBU
5. Secteurs publics
Les plans d’investissements publics (état et communes) sont très élevés pour les années à venir. Ceci à la fois pour éviter un renforcement des effets que la chute du prix du pétrole a sur l’économie norvégienne, pour créer des projets porteurs et économiquement rentables à long terme, et pour aussi répondre à la forte croissance démographique dans les grandes villes.
Le gouvernement désire maintenir un niveau élevé d’investissements spécialement dans la phase que traverse la Norvège pour l’instant.
Infrastructures – Transport
Le plan national de transport 2018-2029 confirme la volonté du gouvernement d’avoir un haut degré de mobilité et des transports efficaces à basses émissions dans le pays pour assurer une croissance durable.
Avec des investissements à la fois dans de nouveaux projets et dans la maintenance des infrastructures existantes, la Norvège se veut plus sûre, meilleure et plus respectueuse de l'environnement. Dans le budget national pour 2021, le gouvernement souligne une fois de plus l’importance du secteur des transports : le budget 2021 prévoit 8 Mds EURO à des fins de transport (soit 8% de plus qu’en 2020). Les grands axes sont :
- Un réseau routier de meilleure qualité et plus sûr
- Un avenir vert dans les zones urbaines : améliorations des transports en communs, construction d’une ligne de métro à Oslo, subsides pour favoriser l’utilisation des transports publics, …
- Amélioration du système ferroviaire : construction de nouvelles lignes (entre autres le projet InterCity autour de la capitale), nouveaux trains hybrides, modernisation et digitalisation de la signalisation.
- Agrandissement du centre pour la protection des hydrocarbures et l'environnement marin, en établissant des installations d'essai à Fiskebøl dans les Lofoten. Ceci permettra de développer des technologies pour mieux réagir face aux pollutions et marées noires spécialement en milieu marin couvert de glace
- Investissement continu dans l'aviation (transport de passagers et fret) et aider ce secteur lourdement touché par la pandémie
- Aide aux entreprises privées qui assurent le transport en bus entre les villes lourdement affectées par la crise du coronavirus.
Bâtiments
La Norvège ouvre la voie à une industrie de la construction plus verte, avec :
- l’utilisation des matériaux respectueux de l'environnement comme le bois massif en tant que matériau de construction, remplaçant le béton.
- des chantiers de construction basses ou zéro émission : utilisations sur les chantiers de machines entièrement électriques ou hybrides, solutions a hydrogène, etc.
- des bâtiments intelligents et écoénergétiques : bâtiments à bilan énergétique positif.
- une digitalisation intensive dans toute la chaine de valeur du secteur.
Santé
Pour faire face à la forte augmentation de la tranche de la population âgée de 80 ans à partir des années 2020, les autorités norvégiennes doivent lourdement investir dans les centres de soins/hôpitaux. Plus de 60.000 nouvelles places dans des centres de soins sont nécessaires d’ici 2030 (soit 3000 places par an pendant 20 ans).
Le gouvernement mise beaucoup sur l’intégration des technologies numériques dans le secteur de la santé et prévoit pour cette raison un plan d’action pour la période 2017-2022, mis à jour en 2019. Six points clefs sont mis en avant :
- intégrer les technologies numériques dans les méthodes de travail ;
- améliorer la coordination dans la prise en charge des patients ;
- exploiter les données liées au secteur de la santé ;
- mettre en place des moyens permettant une meilleure prévention et un meilleur suivi du patient (dossiers médicaux, assistance à distance,…) ;
- définir des normes pour que les systèmes puissent être utilisés de tous ;
- renforcer le rôle fédérateur de l’État pour que tout le monde travaille dans la même direction.
Une transformation numérique est en cours dans le secteur de la santé. La pandémie liée au coronavirus a clairement stimulé l'utilisation de ces outils de santé numériques : digitalisation des dossiers, visite chez le médecin par video-conference, suivi efficace et sécurisé du patient lorsqu’il doit poursuivre un traitement à domicile,…
Plusieurs clusters et centres d’excellences se sont développés dans le secteur de la santé, parmi ceux-ci : Norway Health Tech (environ 280 membres), Norwegian Smart Care Cluster, Oslo Cancer Cluster, le Nansen Neuroscience Network ou encore Alrek helseklynge (de l’université de Bergen).
Plusieurs nouveaux hôpitaux sont prévus, notamment sur Oslo où il est prévu un nouveau grand hôpital régional.
6. Construction
Le secteur de la construction est le plus gros employeur sur la partie continentale. Il représente plus de 250 000 employés qui travaillent dans environ 58 000 entreprises différentes, pour un chiffre d’affaires de plus de 60 Mds EURO.
La population norvégienne ayant passé le cap des 5 millions d’habitants en 2012, les besoins de construire de nouveaux logements sont toujours importants. Ces besoins sont concentrés sur les grandes villes comme Oslo où 200.000 nouveaux habitants sont attendus d’ici 2035 pour atteindre 850.000 habitants, représentant un besoin de 100.000 nouveaux foyers/logements. La région d’Oslo-Akershus est la région en plus forte croissance au niveau européen.
Les facteurs comme de très bas taux d’intérêt, hausse des salaires et haute conjoncture, combinés avec un manque de construction par rapport à la croissance démographique (10 % en 10 ans) ont entrainé une surchauffe des prix. Le prix au m² a eu une croissance constante depuis 15 ans et a presque doublé ces 10 dernières années.
7. Les TIC
La branche des TIC représente environ 100 000 emplois pour un chiffre d’affaires de près de 24 Mds EURO. Ces chiffres croissent d’année en année et témoignent donc d’un secteur en constante expansion.
Ces dernières années, l’État a montré un intérêt grandissant pour les nouvelles technologies et n’a arrêté d’offrir des financements à des projets prometteurs. Il souhaite intégrer le plus rapidement possible les TIC dans le quotidien des Norvégiens afin de simplifier les tâches administratives, de réaliser des économies d’énergie, d’améliorer la mobilité, etc. Le concept de Smart Cities est présent partout et fait l’objet de nombreux projets de recherche. D’ailleurs plusieurs projets financés par l’Union européenne sont pilotés depuis la Norvège, que ce soit par les universités comme la NTNU ou par des instituts indépendants comme SINTEF.
Le gouvernement a mis en place depuis 2016 une politique nationale en matière de TIC centrée sur cinq priorités :
- mettre le citoyen au centre du procès. Les citoyens ont droit à des services cohérents. Les services publics doivent réutiliser les données de sorte que l’on ne demande pas plusieurs fois la même chose aux citoyens ;
- les TIC sont essentielles pour l’innovation et la productivité ;
- renforcer les compétences de chacun dans le domaine des TIC. Tout le monde doit pouvoir utiliser les services numériques ;
- numériser efficacement le secteur public. Tout doit être planifié et coordonné. Il faut pouvoir tirer profit de ces technologies. Les acteurs publics doivent faire face ensemble aux problèmes qui se présentent ;
- protéger la vie privée et les données personnelles des utilisateurs.
En 2019, le gouvernement et les communes se sont mis d’accord sur l’établissement d’un programme commun pour la période 2019-2025 visant à numériser le secteur public, axé autour de six objectifs principaux :
- le secteur public fera sa transition numérique d’une manière ouverte, inclusive et qui inspire la confiance ;
- plusieurs formalités administratives seront accomplies électroniquement tout en restant des services cohérents ;
- tous les citoyens, entreprises ou associations qui en ont les moyens pourront communiquer avec le secteur public de manière électronique ;
- le secteur public exploitera tout le potentiel de l’utilisation et du partage de données pour pouvoir proposer des services accessibles à tous et pour contribuer à créer de la richesse ;
- les services publics de l’État et des communes s’inscriront dans un écosystème numérique commun afin de faciliter l’interaction entre tous les acteurs ;
- les services publics de l’État et des communes tireront systématiquement profit de la numérisation.
En 2020, la Norvège était 7ième dans le classement mondial des pays selon leur Networked Readiness Index publié par le Forum économique mondial. Cet indice est défini en fonction de la place, de l'usage et du bénéfice que peut tirer ce dernier des technologies de l'information et des communications.
Enfin, de nombreux clusters se forment autour des nouvelles technologies et entendent devenir des acteurs importants sur la scène internationale, parmi ceux-ci : Nordic Edge (cluster Smart Cities), NCE-iKuben (cluster interindustriel avec un accent particulier sur la numérisation), NCE Smart Innovation Norway (domaines des énergies renouvelables et des technologies de l'information)et le Cluster for Applied AI.
8. Constructions navales et shipping
La Norvège possède une des plus grandes flottes marchandes au monde ; 8ème en termes de tonnage et 4ème mondiale en termes de valeur.
En 2020, les revenus totaux des armateurs ont été réduits de 8%, passant de 23,5 à 22 Mds EURO à 22. De nombreux segments ont connu une réduction plus ou moins forte de leur chiffre d’affaires : le transport à courte distance de passagers, le transport longue distance, ainsi que les segments offshore service et plates-formes.
La Norvège se veut toujours plus verte avec comme objectif une flotte climatiquement neutre d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, la technologie pour construire de grands navires à zéro émission doit être disponible d'ici 2030. Les défis climatiques et environnementaux, les développements technologiques et la forte demande de restructuration signifient que les exigences de compétence de la Norvège subiront des changements importants à l’avenir.
Parmi les grands défis et projets liés à la transition verte qui vont affectés le secteur maritime on peut citer :
- l’offshore éolien fixe et flottant : l'industrie norvégienne fournit pour environ 700 millions EURO a ce secteur. La position forte de la Norvège dans l’industrie maritime et terrestre est un point de départ unique pour jouer le rôle de premier dans le développement de l’éolien flottant en mer. Le développement des champs éoliens offshore implique aussi la construction de nouveaux bateaux à zéro émission pour le transport des éoliennes sur site : bateaux à hydrogène, à batteries, …
- le stockage de CO2 dans les fonds marins/anciens réservoirs entraine la création de nouveaux types de bateaux capables de transporter ce CO2 de diverses sources en Europe vers les plateformes d’injection en mer du Nord (projet NorthernLights)
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les bateaux qui parcourent des longues distances grâce à des solutions de carburant révolutionnaires. Un exemple est un projet en cours basé sur la technologie des piles à combustible. Cette technologie permet d’utiliser de nombreux types différents de carburant, y compris l'ammoniac et le GNL
- Développement du premier tanker à ammoniac vert au monde.
Le groupe de consultance Menon traite largement de la Norvège (plus précisément d’Oslo) dans son rapport The Leading Maritime Capitals of The World 2019. Ce rapport compare différentes villes portuaires selon plusieurs critères objectifs et subjectifs. Le résultat est assez intéressant car Oslo se classe 2ème sur la base des critères subjectifs mais seulement 10ème sur la base des critères objectifs. Si Oslo est effectivement perçue par ses pairs comme une ville à la pointe de la technologie dans le domaine maritime, elle ne peut dans les faits rivaliser avec d’autres villes portuaires car son port est trop peu développé. Ainsi, la ville propose d’excellents services financiers, et est à la pointe du progrès (1ère dans le critère sur les nouvelles technologies, 2ème pour la numérisation). Pour ces raisons, Oslo apparaît comme le futur leader de l’industrie maritime, non pour la logistique, mais bien pour la technologie.
Plusieurs clusters sont actifs dans le domaine dont certains ont une importance au niveau mondial : GCE Blue Maritime (navires), le GCE Ocean Technology (installations sous-marines) et le GCE Node (plateformes gazières/pétrolières). Le cluster NCE Martime CleanTech se concentre lui sur les technologies vertes appliquées au transport maritime et le cluster ‘Norwegian Offshore Wind Energy’ est consacré à l’éolien en mer.
9. Commerce de détails
E-commerce
Suite à la crise sanitaire entrainant la fermeture des boutiques, la vente en ligne s’est organisée offrant des solutions plus nombreuses et plus adaptées. Ce secteur a également bénéficié de la capacité accrue des entreprises postales et de messagerie. En 2020, le commerce en ligne représentait 15,6 Mds EURO (presque deux fois plus qu’en 2019).
En ce qui concerne les biens, les Norvégiens répartissent leurs achats comme suit :
- vêtements et accessoires de mode, 940 millions EURO
- appareils électroniques 860 millions EURO
- nourriture et produits quotidiens, 780 millions EURO
- décoration d’intérieur et meubles, 400 millions EURO
- équipements de sport ou produits liés aux loisirs, 360 millions EURO
Il est intéressant de constater que les Norvégiens achètent de plus en plus de produits alimentaires sur Internet. Ils sont en effet maintenant 24 % à le faire. Toutefois, les acheteurs de vêtements sont toujours plus nombreux, 57 % de la population.
Si les ventes de produits alimentaires ont augmenté sur Internet en 2019, elles ne représentent toujours que 2 % des ventes totales du secteur.
10. Défense
La Norvège compte investir dans son matériel militaire et a pour cela établi un programme pour la période 2019-2026. Le pays investi beaucoup plus que la Belgique dans son armée : 0,9 % du PIB en Belgique contre 1,6 en Norvège en 2018 (SIPRI). Le nouveau plan de défense totale comprend une augmentation budgétaire importante de 1,65 Mds EURO 2028.
La plus grosse partie du budget 2019-2026 ira dans l’achat et l’entretien d’avions F-35 (27 %). Le reste du budget sera investi au ministère de la Défense (6 %) et dans du matériel dans les différents secteurs : mer (26 %), air (autre que les f-35, 17 %), terre (16 %) et infrastructures d’information/communication (8 %).
L’armée se réoriente vers «une puissance de feu accrue, une meilleure disponibilité opérationnelle et une durabilité accrue». Le document du plan de défense indique que la brigade nord de la Norvège sera composée de quatre bataillons de manœuvre, équipés de nouveaux chars de combat principaux, de systèmes de défense aérienne mobiles et de tirs de précision à longue portée, afin de garantir que l'armée reste « pertinente dans un nouvel environnement de sécurité. "
Les technologies numériques prennent aussi une partie importante, ainsi deux programmes sont notamment en cours afin de moderniser la gestion de l’armée : le programme Mime et le programme MAST. Dans son plan 2018-2025, le ministère de la Défense a prévu 1 Mds EURO pour la digitalisation.