Indicateurs politiques
L’Iraq est une république parlementaire dotée d’un gouvernement fédéral.
Dans les années qui ont suivi le renversement de Saddam Hussein, la gouvernance de l'Iraq est passée par plusieurs étapes. L'Autorité provisoire de la coalition (APC), établie par les États-Unis pour gouverner le pays immédiatement après l'occupation, a officiellement transféré la souveraineté à un gouvernement irakien intérimaire en juin 2004. Il s'agissait d'une première étape dans la construction d'une nouvelle structure gouvernementale en Iraq. La Loi de l’administration de transition (LAT), qui a fonctionné comme une constitution intérimaire jusqu'à la fin de 2005, prévoyait que l'Iraq devait avoir un système de gouvernement fédéral républicain permanent ; le pouvoir devait être partagé entre le gouvernement central, 18 gouvernorats (provinces) et les gouvernements locaux et municipaux. L'autonomie d'une région, le Kurdistan, a été spécifiquement reconnue. En janvier 2005, les élections nationales pour le siège d'un parlement intérimaire ont constitué une deuxième étape dans la mise en place d'un gouvernement permanent. Ce parlement a établi le cadre pour la rédaction d'une nouvelle constitution et l'élection d'une législature permanente.
En octobre 2005, une majorité des deux tiers a ratifié une nouvelle constitution, qui a été créée pour remplacer la LAT. Bien que certains éléments restent contestés, la nouvelle constitution contient les mêmes éléments fondamentaux que la LAT.
Le pouvoir exécutif
Le pouvoir exécutif est constitué de la présidence (constituée d’un président et d’un vice-président) ainsi que du Conseil des Ministres. Le président est le chef de l’Etat, garant de la constitution et représente la souveraineté et l’unité du pays tandis que le premier ministre fait office de chef de l’exécutif et de Commandant en chef. Le premier ministre est désigné par la majorité du Conseil des Représentants. Après sa désignation, celui-ci nomme les différents membres du Conseil des Ministres qui doivent ensuite être approuvés par la Conseil des Représentants. Le mandat du Conseil des Ministres ainsi que du Conseil des Représentants est de quatre ans.
Le pouvoir législatif
En ce qui concerne le Conseil des Représentants, celui-ci constitue le pouvoir législatif. Après une nouvelle loi électorale en 2009, son nombre de siège est passé de 275 à 328 sièges répartis entre 18 gouvernorats, il y a également 7 sièges compensatoires nationaux, tandis que 8 sièges sont réservés à des groupes minoritaires dans des gouvernorats spécifiques (Chrétiens (5), Sabéens (1), Shabaks (1) et Yézidis (1)). La Constitution prévoit également que le Conseil doit chercher à atteindre une représentation des femmes d'au moins 25 % (82 sièges). L'élection au Conseil permet la participation d'électeurs étrangers qui peuvent voter au niveau du gouvernorat. Les pouvoirs du Conseil des Représentants comprennent la promulgation de lois fédérales, le contrôle du pouvoir exécutif et l'élection du président de la république.
Le pouvoir judiciaire
Le pouvoir judiciaire irakien est indépendant et n'est soumis à aucune autre autorité que celle de la loi. L'autorité judiciaire fédérale est composée du Conseil supérieur de la magistrature, de la Cour suprême fédérale, de la Cour de cassation, du ministère public, de la Commission de contrôle judiciaire et d'autres tribunaux fédéraux. Le Conseil supérieur de la magistrature supervise les affaires du pouvoir judiciaire fédéral. La Cour suprême fédérale a une compétence limitée en matière de litiges intra-gouvernementaux et de questions constitutionnelles. L'établissement des tribunaux fédéraux, leurs types et les méthodes de nomination des juges seront fixés par des lois promulguées par le Conseil des Représentants.
Le Parlement irakien a approuvé une nouvelle loi électorale le 24 décembre 2019 qui doit ouvrir la voie à une plus grande inclusion des candidats politiques indépendants. Cette loi a permis de mettre un terme à la pratique des partis politiques qui se présentaient sur des listes unifiées, leur permettant de remporter facilement tous les sièges dans une province donnée. En effet, la nouvelle loi divise les 18 provinces irakiennes en plusieurs districts et attribue un siège parlementaire pour 100 000 habitants. Ce changement est arrivé après que des centaines de milliers de manifestants antigouvernementaux aient demandé des changements radicaux dans le système politique irakien, les manifestants accusant le système d'être responsable de la corruption généralisée et du chômage endémique.
Situation politique actuelle
L’Iraq connait à la fois différents problèmes d’ordre politique et sécuritaire. Tout d’abord, le 1er décembre 2019, le Parlement irakien a accepté la démission du Premier Ministre, Adel Abdul Mahdi, et de son gouvernement après près de deux mois de violentes manifestations. Bien que le Parlement ait ensuite désigné un candidat soutenu par l'Iran, Asaad al-Eidani, pour le remplacer, le président irakien a refusé de cautionner sa nomination. Cette situation inédite a plongé l’Iraq dans un flou juridique, la Constitution ne prévoyant pas la démission d’un premier ministre. De plus, le fait qu’un candidat désigné par consensus n’obtienne pas la confiance du Parlement était également sans précédent. Après une tentative infructueuse de formation d’un nouveau gouvernement par Mohamed Taoufiq Allaoui, c’est Adnane Zorfi qui a été désigné pour former le gouvernement à la mi-mars 2020.
Au niveau sécuritaire, malgré la démission d’Adel Adbul Mahdi, les manifestations à l’encontre du gouvernement ont continué, appelant à plus de changements. Ces manifestations auraient fait rien qu’entre octobre 2019 et la mi-décembre environ 600 morts et 17 000 blessés. Des tensions se font également sentir au Kurdistan irakien, où des manifestations pourraient également éclater par intermittence. Toute instabilité en Iraq ou au Kurdistan irakien sera préjudiciable au processus de réconciliation entre le gouvernement fédéral et le Kurdistan irakien, ce qui est essentiel pour le progrès économique de la région autonome. Ainsi, bien que l’électorat kurde se soit prononcé en faveur d’une sécession vis-à-vis de l’Iraq lors d’un référendum en 2017, les besoins de transferts fiscaux entre le gouvernement fédéral irakien et le gouvernement de la région kurde va forcer ces derniers à concéder, du moins partiellement, le contrôle des frontières et des exportations de pétrole.
De plus, l’assassinat sur le sol irakien du Général Qassem Suleimani, Commandant des forces armées iraniennes, a exacerbé la crainte que l’Iraq devienne le théâtre d’un affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran. Malgré que l’Etat islamique ne contrôle plus de territoire en Iraq, il existe également un risque important pour que l'Iraq connaisse une hausse des attaques de cette organisation terroriste au cours des prochaines années.
L’Iraq est également touché par l’épidémie de coronavirus. Bien que le nombre de cas enregistrés soit plus faible que ses principaux voisins (on compte au 6 avril 2020, 961 cas confirmés pour 21 décès). Toutefois, en plus des tensions politiques qui risquent d’avoir un impact sur le pouvoir de décision, le pays manque de structures institutionnelles pour faire face à la menace posée par cette pandémie mondiale - comme un système de santé opérationnel. L'Iraq compte également 1,5 million de personnes déplacées. Ces réfugiés et personnes déplacées vivent dans des camps surpeuplés, caractérisés par des conditions insalubres et des installations médicales limitées, ce qui les rend profondément vulnérables aux ravages du virus.
Pour tenter de limiter le nombre de personnes contaminées, le gouvernement irakien a décrété un confinement intégral initialement prévu jusqu’au 11 avril 2020 pour tout le pays et actuellement prolongé jusqu’au 16 avril. Des règles drastiques de confinement – interdisant notamment les mouvements dans et hors des villes sont en vigueur ainsi que la fermeture des aéroports. Ce confinement, bien que nécessaire étant donné la situation, a mis à l’arrêt travailleurs journaliers, employés du secteur informel ou encore ouvriers du bâtiment. Ainsi, seuls les fonctionnaires et quelques autres employés faisant figure d’exception touchent aujourd’hui un salaire, aggravant gravement la précarité des Irakiens qui assistent également à une chute des prix du pétrole qui pourrait avoir de graves conséquences sur l’économie du pays.
Politique étrangère
Le gouvernement irakien essaye de maintenir une position neutre entre ses alliés à savoir d’une part les Etats-Unis et les pays du Golfe (principalement l’Arabie Saoudite) et l’Iran d’autre part. Toutefois, l’assassinat du Général Suleimani a porté atteinte à cet équilibre. L’Iran ayant répliqué par un tir de missile sur les bases militaires américaines en Iraq, n’ayant causé aucune victime. Même si les Etats-Unis et l’Iran ont effectué des attaques calibrées et appeler à la désescalade, le risque qu’un incident conduise à un conflit ouvert sur le sol irakien reste assez élevé. Le futur statut des 5 000 soldats américains en Iraq reste également incertain. Lors d'une session d'urgence le 5 janvier, les membres du parlement irakien ont adopté une résolution demandant le retrait de toutes les forces américaines. Le gouvernement américain a insisté sur le fait qu'il ne tiendra pas compte de cette résolution, alors que le premier ministre irakien, M. Abdul Mahdi, a depuis lors fait marche arrière par rapport à son soutien initial à la motion. Cependant, les politiciens nationalistes et pro-iraniens continueront à soutenir que la présence des troupes américaines porte atteinte à la souveraineté de l'Iraq.
La Jordanie et l'Égypte sont des partenaires économiques étroits de l'Iraq. Les autorités jordaniennes et irakiennes ont travaillé en étroite collaboration au cours des derniers mois pour stimuler le commerce bilatéral. En septembre, l'exportation de pétrole à partir de la province irakienne de Kirkouk vers la Jordanie a commencé. Les deux pays prévoient d'achever un oléoduc, dont les travaux ont été longuement retardés, qui reliera Bassora et Aqaba. Les relations avec le Koweït se sont améliorées malgré l'animosité historique entre les deux pays depuis la guerre du Golfe de 1991-1992. Le Koweït soutient certains projets d'infrastructure en cours, notamment dans les secteurs de l'électricité et de l'eau. Les investissements koweïtiens dans l'industrie pétrolière irakienne devraient également augmenter au cours de la période de prévision, ce qui renforcera les liens diplomatiques et économiques.