Conjoncture économique
Conjoncture économique et perspectives
La France est la septième puissance économique mondiale selon le classement établi par le FMI en 2022. Avec un PIB de 3.140 milliards de dollars, elle se place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Inde. Toujours selon le FMI, la France glisse par contre au 25ème rang du point de vue de l’indicateur du PIB par habitant (elle figurait à la 24ème place en 2022, à la 19ème en 2005 et même à la 13ème en 1980).
Si l’économie a connu un solide redressement au lendemain de la pandémie (la progression de la croissance annuelle – de 6,4% - fut l’une des plus dynamiques d’Europe en 2021), la France, bien que moins touchée que d’autres pays de l’UE car moins dépendante au gaz russe, a néanmoins été frappée par le choc provoqué par la guerre en Ukraine. Après avoir plafonné à 5,6% en 2022 (soit l’inflation la plus faible de l’UE) grâce au bouclier énergétique mis en place par le gouvernement, l’inflation persiste en 2023 (elle s’établissait, en juin, à 4,5%) et l’activité économique connaît un ralentissement prononcé. Face à une perte de pouvoir d’achat et à une forte incertitude propice à une épargne de précaution, la consommation des ménages devrait demeurer faible. Les défaillances d’entreprises, confrontées à une moindre demande, à une augmentation des coûts de production et au durcissement des conditions de financement, devraient continuer d’augmenter. Après une hausse de 2,6% en 2022, le FMI table désormais sur une croissance du PIB de 0,7% en 2023, et de 1,3% en 2024.
La situation des finances publiques demeure, comme ailleurs, marquée par les crises qui se sont succédé et par les mesures prises pour en atténuer les effets. Alors qu’il s’élevait à 4,7 % du PIB en 2022 (il était de 6,5% en 2021 et de 9% en 2020), le déficit public restera important en 2023 (4,9% selon les prévisions), conséquence notamment de la poursuite des mesures de protection des entreprises et des ménages (leur coût net est estimé à 31 milliards d’euros sur 2023) et de la facture énergétique toujours élevée. La dette publique devrait s’établir à 109,6% du PIB (elle était de 111,8 points de PIB en 2022). Dans son programme de stabilité budgétaire 2023-2027, le gouvernement prévoit un retour du déficit public sous le seuil des 3% du PIB en 2027, et une diminution du poids de la dette publique à partir de 2024.
Quant au taux de chômage, il était au second trimestre 2023 quasi stable, s’établissant à 7,2% de la population active (+ 0,1 point) ; le taux d’emploi des 20-64 ans était lui de 72,1%.
Principaux secteurs d'activités
Le secteur tertiaire
En 2022, les services principalement marchands représentaient 56,9% de la valeur ajoutée totale, témoignant du mouvement de tertiarisation de l’économie initié depuis plusieurs décennies. La France se situe parmi les pays européens présentant un poids plus élevé du secteur tertiaire. Véritable locomotive de la création d’emploi en France, le secteur tertiaire occupe en effet plus des trois quarts de la population active (79,6% du total en 2020).
L’industrie
L’industrie française représente quant à elle 260.000 entreprises (dont 90% de TPE et PME), employant 3,2 millions de salariés soit à peine 13% de la population active (ils étaient 6 millions en 1975). Elle pesait, en 2022, 13,3% du PIB, contre 32% en 1980. Ce mouvement de désindustrialisation s’explique par l’essor des services, la perte de compétitivité face à une concurrence mondialisée, les délocalisations massives de production vers des pays à faible coût de main d’œuvre ou jugés plus favorables en termes de fiscalité, mais aussi par l’augmentation de la productivité ou la modification des habitudes de consommation. Un déficit structurel de la balance commerciale s’en est suivi, surtout à partir des années 2000, l’industrie fournissant les trois quarts des exportations françaises.
L'industrie manufacturière (de transformation des biens) représente environ 85% du secteur industriel en matière de salariés, de valeur ajoutée et de chiffres d’affaires. Elle est bien diversifiée mais caractérisée par des évolutions paradoxales. En effet, si l’Hexagone compte des industries modernes et dynamiques, qui en font l’un des leaders mondiaux dans des domaines de haute ou moyennement haute technologie (automobile, aéronautique et spatial, agro-alimentaire, chimie/pharmaceutique, nucléaire, électronique, …), il existe également de nombreuses industries traditionnelles (sidérurgie, textile, bois, papier et imprimerie, construction navale, …) qui voient leurs effectifs et leurs chiffres d'affaires chuter, obligeant des régions entières (en particulier dans le nord-est et le centre-est du pays) à une douloureuse reconversion. L’industrie agro-alimentaire demeure le premier secteur industriel français tant en termes d’emplois que de chiffre d’affaires.
L'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) note également la forte concentration de l'industrie française au sein de grands groupes. Par ailleurs, malgré la privatisation graduelle de nombreux groupes, la France reste caractérisée par la forte présence publique dans certains secteurs tels que l'énergie, le transport public et l'industrie de la défense.
Le secteur industriel continue toutefois à jouer un rôle prépondérant dans l’économie française, tant sur le plan des exportations que de l’innovation (dépenses en R&D). Il a par ailleurs vu une forte augmentation de la création d’entreprises en 2022 : près de 61.000 entreprises ont été créées dans l’industrie, soit 18,2% de plus qu’en 2021. En 2022, l’Hexagone a par ailleurs enregistré un solde positif d’implantations de 80 usines (150 ouvertures contre 70 fermetures).
La production industrielle a connu une croissance de 2,6% en 2022, avec notamment un rebond du secteur automobile, témoignant de la relative résistance de l’industrie dans le contexte d’inflation et de ralentissement économique. L’emploi industriel a quant à lui progressé de 1% sur un an (+32.000 postes), pour retrouver un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis 2014.
L’agriculture
La France est la plus grande puissance agricole de l'Union Européenne. Avec 81,6 milliards d’euros – soit environ 17% de la valeur totale de l’UE – elle représentait en 2021 la plus importante production agricole, devant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Les principaux produits sont la betterave sucrière, le vin, le lait, le bœuf, le veau, les céréales et les oléagineux. Les exploitations agricoles françaises bénéficient d'importantes subventions (8,2 milliards d’euros en 2022) , en particulier européennes. Si le secteur agricole est en excédent commercial (le troisième par ordre d’importance après l’aéronautique et la chimie – il s’élevait en 2021 à 8 milliards d’euros), la France a néanmoins importé cette année-là 63 milliards d’euros de produits agricoles, soit 2,2 fois plus qu’en 2000. En 20 ans, l’Hexagone est passé de la 2ème à la 5ème place des exportateurs mondiaux de produits agricoles. Les activités agricoles (soit la production primaire issue de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche) ne représentent qu'une faible partie du PIB du pays (1,6% en 2021 selon les données de la Banque Mondiale). Selon les chiffres du dernier recensement agricole, la France comptait en 2020 416.000 exploitations agricoles (dont 12 % en agriculture biologique), employant 660.000 équivalents temps plein. La surface agricole représente 49% du territoire métropolitain.
Le tourisme
La France est en outre la première destination touristique du monde avec près de 90 millions de touristes étrangers accueillis en 2019. Le tourisme représentait alors 56 milliards d’euros soit 7% du PIB. Avec l’amélioration de la situation sanitaire, la France a conservé son leadership en 2021, avec 17,7% de parts de marché au sein de l’UE. En dépit de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix, la reprise du tourisme international s’est confirmée : la fréquentation touristique en 2022 s’est même révélée supérieure à celle de 2019 et la plupart des clientèles sont revenues (à l’exception des Chinois, des Russes et des Japonais). Les visiteurs étrangers ont par ailleurs dépensé 7% de plus qu’en 2019 Le secteur reste toutefois confronté à divers enjeux (difficultés de recrutement et coûts croissants liés à l’inflation) et à la concurrence grandissante de l’Espagne et de l’Italie.
Le secteur du luxe
A noter encore que la France est considérée comme le premier acteur mondial dans le secteur du luxe : 28% des ventes internationales dans ce domaine sont réalisées par des entreprises françaises. On estime que près de la moitié (130 sur 270) des marques de prestige sont françaises, et cinq groupes français se retrouvent dans le top 10 des plus grandes entreprises de luxe (classement établi par Deloitte). Le secteur a connu un rebond spectaculaire de son chiffre d’affaire en 2021, dépassant même son niveau historique de 2019, et a encore performé en 2022 avec un chiffre d’affaires de 1384 milliards d’euros (+ 21%).
Commerce extérieur et investissements étrangers
Chiffres du commerce extérieur
La France est, en 2022, le 6ème exportateur mondial de biens et services, avec 145.700 entreprises exportatrices (opérant en majorité dans l’UE) – un record absolu. Le nombre de filiales d’entreprises françaises à l’étranger a quant à lui bondi de 33% entre 2011 et 2021. L’Hexagone enregistre cependant un fort déficit commercial structurel. Les importations croissent à un rythme régulier car la population achète beaucoup de marchandises importées de pays où les coûts sont inférieurs, et qui sont donc vendues moins cher sur le marché local que les produits milieu de gamme "Made in France". Les importations d'énergie pèsent également dans la balance, la France étant importatrice nette d’hydrocarbure.
Si le commerce extérieur en biens est déficitaire depuis 2004, le solde de la balance commerciale française a atteint un niveau record en 2022 : le déficit s’est élevé à 163,6 milliards d’euros, soit près du double de 2021 – il était alors de 85 milliards. Cette dégradation s’explique en grande partie par la hausse de la facture énergétique (115,3 milliards d’euros) mais aussi par l’aggravation du solde commercial de l’électricité, liée aux difficultés rencontrées par le parc nucléaire français ; elle s’inscrit également dans un contexte de décélération du commerce mondial en lien avec la persistance de tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la flambée des cours des matières premières, la hausse de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt. La part de marché de la France à l’export de produits manufacturés s’est effondrée en 20 ans, passant de 5,2% en 2001 à 2,4% en 2022. Elle a toutefois enregistré en 2022 une hausse de 18,5% de ses exportations de biens en volumes, certainement aidée en cela par la faiblesse de l’euro. L’Hexagone a par ailleurs dégagé un excédent dans ses secteurs traditionnellement « champions à l’export » : l’aéronautique (23 milliards d’euros), les produits alimentaires et en particulier les boissons alcoolisées (16 milliards), les parfums et cosmétiques (15 milliards), le pharmaceutique (3 milliards) ; les exportations du secteur automobile ont pratiquement retrouvé leur niveau de 2019, tandis que les produits agricoles ont progressé de 3%.
La balance des services, excédentaire depuis 1988 et rééquilibrant quelque peu les comptes extérieurs du pays, a quant à elle connu un excédent record en 2022 (environ 50 milliards d’euros), portée en particulier par le tourisme et les services financiers. Une amélioration du déficit commercial de l’Hexagone est observée au premier semestre 2023, s’expliquant principalement par la décrue des prix de l’énergie, mais aussi par une hausse des exportations dans différents secteurs (aéronautique, automobile – soutenue notamment par les véhicules électriques et hybrides – parfums et cosmétiques, et textile).
Attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers
La France continue toutefois de jouir d’une forte attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers, comme en témoigne le baromètre 2022 d’EY : l’Hexagone y conserve son rang de première destination européenne pour les investissements étrangers, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, et ce pour la 4ème année consécutive. L’Ile-de-France passe par ailleurs pour la première fois devant le Grand Londres au classement des régions européennes les plus attractives. Parmi les atouts avancés par les investisseurs, la disponibilité d’une énergie décarbonée (les activités de production arrivent en tête parmi les investissements dénombrés) ou encore le soutien public à l’innovation et le crédit d’impôt recherche (faisant de l’Hexagone le champion d’Europe des centres R&D). Parmi les points à améliorer figurent par contre la prévisibilité normative et les prélèvements obligatoires, ou encore le poids des procédures administratives.
Selon Business France, le pays n’a même jamais été aussi attractif qu’en 2022, puisqu’il a accueilli 1.725 projets d’investissement international (+7% par rapport à 2021) ayant permis la création ou le maintien de 58.810 emplois (+31%). 50% de ces projets sont des nouvelles implantations. Les Etats-Unis sont en 2022 le premier pays investisseur en France, devant l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Italie.
Les investissements directs en France se sont soldés en 2022 par une entrée nette de capitaux de 34,6 milliards d’euros ; dans le même temps, les investissements des Français à l’étranger se sont élevés à 45,6 milliards d’euros.
Echanges entre la Belgique et la France
Avec 12,98% du total des exportations belges, la France reste en 2022 le deuxième client de la Belgique (après l’Allemagne). Elle est également son troisième fournisseur (après l’Allemagne et les Pays-Bas), avec 9,89% du total des importations.
La balance commerciale entre la Belgique et la France affiche traditionnellement un solde positif en faveur de notre pays (11,60 milliards d’euros en 2022, contre 7,67 milliards en 2021).
Echanges entre la Wallonie et la France
La France est le principal partenaire commercial de la Wallonie.
En concentrant 22,91 % du total des exportations wallonnes (en hausse de 18,4% par rapport à 2021), la France reste en 2022 notre premier client, devant l’Allemagne, les Etats-Unis, les Pays-Bas et l’Italie.
Dans le contexte de reprise de l’économie mondiale, les exportations wallonnes vers la France ont connu une forte augmentation en 2021 (elles représentaient alors 21,74 % du total de nos exportations), et cette tendance s’est poursuivie en 2022.
A l’exception du matériel de transport, les principaux secteurs d’exportation wallons vers la France ont tous affiché des résultats en hausse en 2022, et en particulier les produits minéraux qui ont connu une forte augmentation. Les 5 catégories de produits ci-après regroupent à elles seules plus de deux tiers de toutes nos exportations vers l’Hexagone : métaux communs et ouvrages en ces métaux ; produits des industries chimiques et pharmaceutiques ; produits minéraux ; matériels de transports ; boissons, alimentation et tabac.
Quant à la part de la Wallonie dans le total des exportations belges vers la France, elle a atteint 26,92% en 2022, contre 27,94 % en 2021 et 27,84 % en 2020.
S’il est notre premier client, l’Hexagone est aussi notre premier fournisseur, devant l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et l’Italie : nos importations issues de ce pays se sont élevées en 2022 à plus de 9 milliards d’euros (+ 16,7 % par rapport à 2021), représentant 20,62 % du total des importations wallonnes.
La balance commerciale entre la Wallonie et la France affiche traditionnellement un solde positif en faveur de notre région ; il s’élevait à 4,7 milliards d’euros en 2022.
Sources
- Douanes françaises – Département des statistiques et des études économiques
- Tresor.economie.gouv.fr
- Entreprises.gouv.fr
- INSEE, Institut national de la statistique et des études économiques de la France
- Banque nationale de Belgique
- EIU Viewpoint Country Analysis
- OCDE – perspectives économiques
- Prévisions économiques de la Commission Européenne
- Fond Monétaire International
- Banque Mondiale
- OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques
- Business France
- Classe Export
- Vie-publique.fr
- https://www.france-industrie.pro/
- https://www.observatoire-metallurgie.fr/