Secteurs porteurs
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Automobile
L'Espagne est le 2ème constructeur automobile et le 4ème marché automobile de l'UE. Malgré une forte croissance du PIB de 5,5 % en 2022, les ventes de voitures particulières ont chuté de 5,4 %, selon l'Association espagnole des constructeurs d'automobiles et de camions (Anfac). Cela est dû aux :
- prix élevés des produits de base
- blocages de la chaîne d'approvisionnement
- resserrements de la politique monétaire dans l'UE.
Par ailleurs, une chute de 21 % des ventes de véhicules utilitaires légers (VUL) a entraîné une baisse de 17 % de l'ensemble du segment.
Une inflation élevée, une politique monétaire plus stricte et un environnement extérieur modéré (la croissance américaine et mondiale ralentissant considérablement) devraient peser sur l'activité économique de l'Espagne en 2023.
Au cours des quatre premiers mois de l'année, les ventes de voitures neuves ont augmenté de 34 % en glissement annuel. Les ventes de véhicules utilitaires légers ont également augmenté. Les véhicules utilitaires légers (camionnettes) ont enregistré une hausse des ventes de 31 % par rapport à l'année précédente. Les ventes de camions moyens et lourds et d'autobus ont augmenté de 43 % au cours de la même période.
Toutefois, cette croissance globale dans les trois segments devrait ralentir au cours du reste de l'année à mesure que la demande refoulée sera satisfaite et que les conditions économiques défavorables commenceront à peser sur la demande de nouveaux véhicules. Les ventes de voitures neuves devraient afficher (selon EIU) une croissance de 5,3 % en 2023, et les ventes de véhicules utilitaires neufs de 12,5 %. Les ventes de voitures et de véhicules utilitaires devraient rester stables en 2024 avant de renouer avec la croissance en 2025-27.
En plus de l'aide fournie par le gouvernement et d'une partie de l'aide de l'UE liée au coronavirus pour l'Espagne en 2021-23, la Commission européenne a alloué 3 milliards d'euros supplémentaires à l'industrie automobile espagnole en décembre 2021. En 2022, la production de véhicules a augmenté de 6 % pour atteindre un peu plus de 2,2 millions d'unités. En octobre 2022, le gouvernement a annoncé son intention d'augmenter le soutien financier à l'industrie pour la production de véhicules électriques (VE), qui représentaient 12 % de la production totale de véhicules en 2022.
Les ventes de véhicules électriques (VE) ont constitué l'un des points forts du marché automobile espagnol. Les ventes de VE ont augmenté de 22,5 % d'une année sur l'autre en 2022. Cependant, la part des VE dans les ventes de voitures neuves ne s'élevait encore qu’à 10,1 %. Avec une forte pénétration attendue en 2023-27, il est attendu que cette part montera en flèche pour atteindre 23,2 % d'ici 2027.
Biens de consommation
L'Espagne est le quatrième marché de consommation de l'UE, derrière l'Allemagne, la France et l'Italie. La consommation privée représente généralement environ 60 % de l'activité économique et constitue un important moteur de croissance. Même si la croissance économique de l'Espagne devrait ralentir sensiblement, passant de 5,5 % en 2022 à 1,8 % en 2023, , elle devrait rester bien supérieure à la moyenne de l'UE, qui est de 0,8 %.
La maîtrise de la crise du coût de la vie reste une priorité pour le gouvernement, qui a annoncé des plans de réduction de la taxe sur la valeur ajoutée sur le gaz naturel. Outre une aide ponctuelle aux familles à faible revenu, le gouvernement a également supprimé la TVA sur les produits alimentaires de base pour les six premiers mois de 2023. Cette mesure devrait être maintenue au moins pour cette année.
Le coût élevé des produits de première nécessité devrait peser sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Les coûts élevés du carburant et les taux d'intérêt poseront également des problèmes aux détaillants, en particulier aux plus petits d'entre eux. La baisse du pouvoir d'achat des consommateurs devrait augmenter la part de marché des discounters et encourager ainsi la polarisation des stratégies de vente au détail.
La population espagnole vieillit et la population globale devrait diminuer à un taux annuel moyen de 0,1 % d’ici 2027. Les facteurs démographiques négatifs devraient contribuer à la lenteur de la reprise économique, ainsi qu'à la faible croissance des ventes au détail au cours des cinq prochaines années.
Energie
L'Espagne, qui ne dispose pratiquement pas de ressources nationales pour ses deux principaux combustibles - les produits pétroliers et le gaz naturel - restera à l’avenir fortement tributaire des importations de combustibles fossiles. Le pays importe la quasi-totalité de son gaz naturel et la grande majorité de son pétrole et de son charbon.
Au cours des prochaines années, la demande de pétrole devrait être pratiquement stable, l'efficacité énergétique et l'électrification compensant les gains de la croissance économique. Après avoir chuté en 2022 et 2023 en raison des prix élevés et d'une pénurie d'approvisionnement, la demande de gaz devrait rester stable pendant d’ici 2027. En revanche, la demande de charbon devrait diminuer à un taux annuel moyen de 12,7 %. La production d'électricité à partir du charbon sera en effet progressivement remplacée par des énergies renouvelables.
Le gouvernement espagnol s'est engagé à éliminer progressivement le charbon d'ici à 2030, ce qui aura le plus grand impact sur la production d'électricité. Le nucléaire est également en cours d'abandon, quatre des sept réacteurs (environ 1 GW) devant être fermés d'ici 2035.
La politique énergétique de l'Espagne sera axée sur la transition du secteur de l'électricité vers les énergies renouvelables, en particulier le solaire et l'éolien, à mesure que le charbon et le nucléaire seront progressivement abandonnés. Un renforcement substantiel des capacités solaires et éoliennes est attendu d'ici 2027. Selon le plan national espagnol pour l'énergie et le climat (Plan Nacional Integrado de Energía y Clima (PNIEC) 2021-2030 (miteco.gob.es)), le gouvernement prévoit d'ajouter 12,6 GW de capacité éolienne (terrestre et offshore) d'ici 2025, par rapport à 2020, et 9,7 GW supplémentaires d'ici 2030, pour atteindre 50,3 GW. L'Espagne vise une capacité solaire supplémentaire de 15,1 GW d'ici 2025, suivie de 20 GW supplémentaires d'ici 2030, pour atteindre 46,5 GW. Le gouvernement a adopté la loi sur le changement climatique et la transition énergétique, qui vise la neutralité carbone d'ici 2050.
Services financiers
Les services financiers jouent un rôle relativement modeste dans l'économie espagnole. Le secteur représente environ 3,8 % du PIB, soit à peu près la moyenne de l'UE dans son ensemble. Le secteur des services financiers ne représente cependant pas un employeur important, puisqu'il n'engage que 1,8 % de la population active (données 2021). Ceci est inférieur à la moyenne de 2,3 % enregistrée dans l'ensemble des pays de l’Union.
Les entreprises financières espagnoles ont été secouées ces dernières années par la pandémie et les récessions économiques. Cependant, elles ont fait preuve de résilience, avec un redressement de la rentabilité en 2021 et de nouveaux gains en 2022. Cette situation contraste avec la crise de l'euro d'il y a dix ans, qui a décimé l'important secteur des caisses d'épargne du pays. Le secteur financier espagnol, pleinement intégré à la zone euro, est aujourd'hui mieux capitalisé et mieux réglementé que par le passé.
Le gouvernement espagnol a introduit des mesures de soutien pour atténuer la crise du coût de la vie. Cela soutiendra les revenus et, par conséquent, certains services financiers. Par ailleurs, la hausse des taux d'intérêt devrait améliorer les marges d'intérêt des prêteurs et augmenter les revenus d'intérêt dans les portefeuilles des assureurs et des gestionnaires de fonds espagnols.
Soins de santé
Les dépenses de santé de l'Espagne en pourcentage du PIB étaient les quatrièmes plus élevées de l'UE en 2020 (dernières données recueillies), à 10,7 %. Il s'agit d'une forte hausse par rapport aux 9,1 % de 2019, qui reflète l'impact de la pandémie de covid-19 sur l'industrie du tourisme et l'économie espagnoles.
Les dépenses provenant de sources publiques ou obligatoires, y compris le système national de santé espagnol (SNS ; Ministerio de Sanidad - Ministerio - Sistema Nacional de Salud) financé par l'impôt, devraient connaître la plus forte croissance, avec un taux de l’ordre de 3,5 % en euros sur la période 2023-27. Ces sources représentent près des 3/4 des dépenses totales. Les dépenses privées, qui proviennent de l'assurance volontaire ou des dépenses directes, devraient augmenter de +/- 2,3 % sur cette même période. Ceci dit, l'allongement des listes d'attente dans le secteur public pourrait inciter les individus à recourir aux dépenses privées.
Le secteur pharmaceutique espagnol contribue de manière significative à la valeur ajoutée brute de l'économie. Avec la reprise de l'industrie des soins de santé, l'élimination du retard accumulé dans la fabrication des médicaments devrait contribuer à stimuler les ventes de produits pharmaceutiques. Les dépenses dans ce secteur devraient croître à un taux de croissance annuel moyen de 3,4 % en euros entre 2023 et 2027, ce qui est supérieur à la croissance des dépenses mondiales.
Depuis 2002, la responsabilité des dépenses et de la fourniture des soins de santé publics a été transférée aux gouvernements régionaux. L'Espagne compte aujourd'hui 17 services de santé publique parallèles, avec des structures et des moyens de prestation différents. Depuis 2001, les gouvernements régionaux ont la possibilité de lever des impôts supplémentaires pour compléter les dépenses de santé du gouvernement central. Cela a conduit à une accumulation importante de la dette régionale pendant la crise financière.
La plupart des régimes privés espagnols sont volontaires et complémentaires du système public. Toutefois, les citoyens peuvent choisir de ne pas participer au système public et de souscrire à une assurance maladie privée parrainée par l'État. Selon l'Association espagnole des assureurs, près de 12 millions de citoyens (soit ¼ de la population) ont désormais des polices d'assurance qui leur fournissent des services de santé. Le vieillissement de la population exerce également une pression sur le SNS.
Selon Insurance Europe, le marché espagnol de l'assurance maladie privée est le 5ème d'Europe en termes de primes émises. Le secteur s'est consolidé ces dernières années. Des entreprises telles que Adeslas et Asisa ont une forte clientèle parmi les fonctionnaires qui se sont retirés du système de santé public.
Télécommunications, numérique & digital
L'Espagne se classe au 7ème rang de l'Indice de l'économie et de la société numériques (DESI) 2022 de la Commission européenne en termes de connectivité des réseaux de télécommunications, de services publics numériques et de disponibilité des spécialistes des TIC. Il s'agit d'une amélioration par rapport à la 9ème place obtenue en 2021. Certes, l'Espagne reste derrière d'autres membres de l'UE tels que la Finlande, les Pays-Bas et la Suède, mais le pays se situe devant la France et l'Allemagne.
En juillet 2020, le gouvernement a annoncé son programme "Espagne digitale 2025" (Agenda_Digital_2025.pdf (espanadigital.gob.es), qui vise à faciliter la transformation numérique du pays, conformément aux objectifs de la stratégie numérique de l'UE. Ce programme prévoit une cinquantaine de mesures basées sur 10 priorités stratégiques, notamment :
- la garantie d'une couverture nationale à 100 Mbps d'ici 2025
- l'accélération du déploiement du spectre 5G
- le renforcement des compétences numériques
- le renforcement des capacités en matière de cybersécurité
La première phase d'investissement public s'élève à 20 milliards d'euros. Une grande partie provient de programmes de l'UE. Le secteur privé devrait investir 50 milliards d'euros supplémentaires.
En ce qui concerne les télécommunications, une vente aux enchères de licences prêtes pour la 5G dans la bande des 700 MHz, a eu lieu en juillet 2021. Telefónica (Espagne), Vodafone (Royaume-Uni) et Orange Espagne ont acheté des fréquences pour un coût total d'un peu plus d'un milliard d'euros. Orange et Telefónica ont également remporté deux licences de 3,5 GHz invendues en février 2021, pour un coût total de 42 millions d'euros. Une autre vente aux enchères, dans la bande des 26 GHz, a eu lieu en décembre 2022 et a rapporté 36 millions d'euros au gouvernement. Il est attendu que les abonnements 5G entraîneront une croissance modeste de l'ensemble des abonnements mobiles d’ici 2027. En juillet 2022, Orange et Másmóvil (Espagne) ont signé un accord contraignant pour former une entreprise commune à parts égales en Espagne. L'entité combinée serait le plus grand opérateur mobile du pays, dépassant Telefónica. La Commission européenne a ouvert une enquête approfondie sur l'opération en avril 2023.