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Cuba accélère sa révolution « verte »
La production d’électricité de Cuba dépend majoritairement du pétrole. Cependant, le gouvernement suit des plans ambitieux pour augmenter l’utilisation de ressources énergétiques renouvelables dans le pays. Au titre du Plan Nacional de Desarrollo Económico y Social (plan national de développement économique et social), le gouvernement vise l’augmentation de la proportion d’énergies renouvelables pour arriver à 24 % de la production totale d’énergie d’ici à 2030 (contre 5 % actuellement). La dépendance de Cuba aux importations de pétrole subventionnées provenant du Venezuela, qui pourraient être compromises dans le cas d’un effondrement du Venezuela, suscite des inquiétudes, qui se traduisent par une plus grande souplesse pour les investisseurs. En effet, les autorités modèrent leurs exigences en ce qui concerne les joint-ventures avec l’État.
Le gouvernement vise la réduction significative de la proportion d’électricité provenant du pétrole d’ici à 2030. Toutefois, puisque la demande en énergie ne cesse d’augmenter, la consommation de pétrole du pays augmentera en termes absolus. Pour répondre à cette demande, les autorités comptent faire appel à des investissements étrangers pour les ressources énergétiques renouvelables telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne et la biomasse. Les prévisions du gouvernement indiquent que l’énergie verte affichera la croissance la plus marquée au cours des dix prochaines années.
Cuba 2030 : un nouveau bouquet énergétique
Selon le plan du gouvernement, l’énergie solaire prendra de l’ampleur pour atteindre 4 % de la production totale d’énergie à Cuba d’ici à 2030. Actuellement, l’énergie solaire est principalement utilisée pour la production d’électricité dans les zones rurales et dans les installations touristiques isolées. Cuba compte quatre usines publiques de fabrication de panneaux solaires qui répondent aux besoins de cette partie décentralisée du système énergétique. Les parcs solaires prolifèrent partout sur l’île. L’entreprise britannique Hive Energy a récemment conclu un accord pour la construction d’une centrale électrique solaire dans la Zone spéciale de développement de Mariel, à l’ouest de la capitale, La Havane. Des parcs solaires de plus grande envergure seront construits dans les années à venir et fourniront ainsi de l’électricité supplémentaire au réseau national.
L’énergie éolienne présente aussi un grand intérêt pour les investisseurs et représentera 5 % de la production totale d’ici à 2030, selon les prévisions du gouvernement. Le pays dispose actuellement de quatre parcs éoliens, construits par l’État en collaboration avec des entreprises espagnoles et chinoises. Le gouvernement entend augmenter ce nombre à 14 d’ici à 2030.
Toutefois, les centrales de biomasse, qui fonctionnent avec des produits dérivés de la canne à sucre et la plante marabou, sont au cœur de la stratégie cubaine sur les énergies renouvelables. En 2013, la biomasse représentait 3,5 % de la production énergétique de l’île et, selon les prévisions du gouvernement, ce chiffre devrait passer à 14 % d’ici à 2030. Ainsi, la majorité de l’énergie renouvelable de l’île sera issue de la biomasse. Le gouvernement espère insérer cette production énergétique dans les infrastructures de l’industrie sucrière déjà existantes: 22 raffineries seront destinées à la production énergétique pendant la saison de récolte et de transformation de la canne à sucre.
Révolution énergétique de Castro
L’intérêt actuel de Cuba pour les énergies renouvelables découle de la « révolution énergétique » de l’ancien dirigeant, Fidel Castro (1959-2008), qui avait été lancée en 2006 lorsque le pays a commencé à prendre de sérieuses mesures pour réduire l’utilisation de l’énergie et améliorer l’efficacité. Aujourd’hui, les décideurs politiques mettent l’accent sur trois principes énergétiques principaux : combattre le changement climatique, réduire le coût de la production énergétique et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
Bien que la première raison soit sincère, la seconde est d’autant plus capitale dans la réalisation d’ambitieuses économies d’énergie à moyen terme. Les centrales énergétiques à Cuba datant de l’ère soviétique, qui brûlent du pétrole vénézuélien et cubain de qualité inférieure, produisent de l’électricité à un coût avoisinant les 0,2 USD/kWh. Grâce aux progrès technologiques, aux avantages climatiques et aux infrastructures de l’industrie sucrière existantes, le coût de production électrique au moyen d’éoliennes, de panneaux solaires et de biomasse est réduit de moitié (environ 0,1 USD/kWh).
Cependant, le facteur le plus important dans l’orientation de Cuba vers les énergies renouvelables est la volonté de réduire la dépendance du pays aux combustibles fossiles. Fin 2016, le président cubain, Raul Castro, a déclaré que le coût d’importation de carburant pesait sur l’île « comme l’épée de Damoclès », et M. Castro sait que l’épée pourrait effectivement tomber. Les importations de pétrole subventionnées avaient cessé soudainement dans les années 90, à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, qui était alors le principal partenaire commercial et la principale source de pétrole du pays, ce qui avait entraîné de terribles pénuries de carburant à Cuba.
Aujourd’hui, Cuba est de nouveau fortement tributaire des subventions étrangères pour le pétrole (provenant du Venezuela désormais) et le gouvernement est soucieux de réduire l’exposition du pays. Durant le deuxième semestre de 2016, Cuba a reçu du Venezuela près de 90 000 barils de pétrole par jour à des taux préférentiels, en partie payés avec des services médicaux ou d’autres services professionnels. Ainsi, le Venezuela fournit à l’île plus de la moitié du carburant utilisé pour la production d’électricité. Cependant, la profonde crise politique et économique au Venezuela oblige Cuba à reconfigurer sa matrice énergétique rapidement. S’il devait importer du pétrole aux prix du marché, le pays aurait des difficultés à répondre à ses besoins énergétiques.
Recherche d’investissements étrangers
Les avantages financiers des énergies vertes, ainsi que la priorité en matière de sécurité nationale du désendettement envers le Venezuela, justifient la motivation de Cuba dans sa recherche d’investisseurs étrangers pour le secteur de l’énergie. Le pays compte attirer un total de 3,5 milliards USD d’investissements dans les énergies renouvelables durant les 13 prochaines années. Les autorités s’accordent à dire qu’attirer des investissements étrangers est le meilleur moyen d’atteindre les objectifs du pays en ce qui concerne les énergies renouvelables et non renouvelables d’ici à 2030.
Enfin, bien que le gouvernement clame toujours que les moyens de production à Cuba sont publics, les autorités ont indiqué qu’elles permettraient aux entreprises étrangères d’être entièrement chargées des projets dans certains circonstances, au lieu de leur demander de créer des joint-ventures avec l’État. Le gouvernement cubain se voit contraint de se préparer à l’effondrement imminent du Venezuela, ce qui devrait se traduire par d’autant plus de souplesse pour les investisseurs dans certains secteurs.
Source :
- Economist Intelligence Unit. “Cuba accelerates its Green revolution”. 3 avril 2017, traduction libre AWEX
Informations complémentaires :
- Ministère de l’Énergie et des Mines. http://www.minem.gob.cu/energias-renovables
- Bureau national de l’utilisation rationnelle de l’énergie (Oficina Nacional del Uso Razonable de la Energía, ONURE). Séminaire national de l’énergie La Havane 2016.
- Clean Energy Central America and Caribbean (RECAM). “America Central y Caribe: Una creciente oportunidad para las renovables”. Mars 2017
- Granma. “Cuba’s 2017 energy strategy”. 22 février 2017. URL : http://en.granma.cu/cuba/2017-02-22/cubas-2017-energy-strategy
- Cuba Business Report. « Cuba’s Green Energy Strategy to 2030 ». 8 juin 2016. URL : http://www.cubabusinessreport.com/cubas-green-energy-strategy-to-2030/
- Renewable Energy World. “Power Shift in Cuba: Seven Reasons to Watch the Renewable Energy Sector in the Post-Fidel and Trump Era. 10 février 2017. URL : http://www.renewableenergyworld.com/articles/2017/02/power-shift-in-cuba-seven-reasons-to-watch-the-renewable-energy-sector-in-the-post-fidel-and-trump-era.html
-
Reuters. “Lack of cash clouds Cuba's green energy outlook”. 9 février 2017. URL : http://www.reuters.com/article/us-cuba-energy-idUSKBN1720EB
Le secteur des télécommunications
Le monopole d'État cubain des télécommunications, ETECSA, a mené un essai d'accès gratuit aux données mobiles 3G dans tout le pays pendant trois jours entre le 8 et le 10 septembre 2018, en prévision d'un déploiement national du service dans le courant de cette année. Cet essai était le troisième, après deux essais plus courts en août 2018, et intervient alors que la société se prépare à étendre le service en tant que système d'abonnement payant plus tard cette année, ce qui permettra aux Cubains d'accéder aux données mobiles depuis n'importe où sur l'île. Actuellement, les Cubains n'ont accès à l'Internet sur leur téléphone mobile qu'en se connectant à des points d'accès WiFi publics payants, où les utilisateurs paient l'équivalent d'un USD par heure pour se connecter. Selon l'entreprise, toute personne possédant une carte SIM ETECSA aurait dû être en mesure de participer à l'essai et avoir pu utiliser 100 Mo de données gratuitement. Cependant, le test a été irrégulier. Certains utilisateurs ont eu accès à des vitesses de connexion suffisamment rapides pour permettre les appels vidéo, tandis que d'autres ont été incapables de se connecter. Les appels téléphoniques mobiles ont échoué souvent et de nombreuses personnes n'ont pas été en mesure d'envoyer ou de recevoir des messages texte pendant toute la période d'essai. ETECSA déclare que plus de 1,5 million de personnes ont participé à l'essai, en se connectant via 2G et 3G. L'entreprise s'est excusée pour le service inégal mais a déclaré que la demande de bande passante dépassait largement les attentes. Bien que Cuba reste l'un des pays les moins connectés à l'Internet en Amérique latine, l'accès à Internet a connu une croissance rapide au cours des dernières années. Il y a maintenant plus de 1 000 points d'accès WiFi publics dans l'ensemble du pays et l'installation de l'internet haut débit à domicile a commencé en 2017. ETECSA affirme que plus de 10 000 foyers disposent aujourd'hui du haut débit.
Néanmoins, le prix élevé de l'accès à Internet limitera son utilisation par la plupart des couches de la population. Enfin, des vitesses plus rapides et des connexions plus nombreuses soutiendront la croissance économique dans le secteur privé « naissant ».
Source : Country Report October 2018 www.eiu.com © Economist Intelligence Unit Limited 2018 – traduction libre de l’AWEX
Le secteur des Cleantech à Cuba
Les technologies propres à Cuba sont essentiellement en développement dans deux secteurs : l'énergie renouvelable et le traitement de l'eau. Les besoins en matière de traitement des déchets sont criants et les autorités cubaines sont déterminées à faire appel à l’investissement étranger. Il en va de même pour le transport à motorisation électrique. Autant d’opportunités pour les exportateurs belges dans tous ces secteurs.
Le secteur de la Santé
Le secteur de la santé à Cuba est prioritaire. Récemment, le Président cubain Miguel Diaz Canel a rappelé que les importations cubaines devront être ciblées sur les secteurs prioritaires pour le pays. La santé en fait partie. Les opportunités abondent donc pour les exportateurs belges de médicaments ou de matériel médico-hospitalier.
Centres médicaux à Cuba:
- Hôpitaux : 150
- Policliniques : 450
- Cabinets médicaux : 10869
Le secteur sous la tutelle politique du MINSAP (Ministère de la Santé Publique) effectue ses importations à travers une centrale d’achat unique: MEDICUBA S.A.
MEDICUBA a importé en 2018:
- 1. Médicaments : 111 millions USD
- 2. Réactifs: 39 millions USD
- Réactifs chimiques
- Désinfectants
- Moyens de diagnostic et milieux de culture (y compris ceux utilisés pour la fécondation in vitro).
- 3. Matériel : 94 millions USD
- Instruments médicaux et chirurgicaux pour toutes les spécialités
- Matériel et verrerie de laboratoire
- Produits consommables
- Aides techniques et matériaux pour la fabrication de chaussures orthopédiques, de prothèses et d'orthèses
- Matériaux et instruments pour toutes les spécialités de l'oncologie
- Produits consommables liés à l'équipement de diagnostic
- Autres dispositifs médicaux à usage spécifique en cardiologie
- 4. Technologie médicale : 51 millions USD
- Imagerie
- Laboratoires
- Ophtalmologie
- Système de survie
- Système de gaz
- Électromécanique
- Électronique médicale
- Réhabilitation
- Endoscopie
- Stomatologie
- Lampes de table chirurgicales
- Équipement pour le diagnostic et le traitement du cancer
- Équipement pour la spécialité de neurologie
- Équipement pour les banques de sang
- 5. Technologie non médicale : 36 millions USD
- Matériel analytique
- Outils de diagnostique
- Réactifs
- Consommables
- Réhabilitation d’équipements et de systèmes
- Moyens de protection spécialisés
- Systèmes de filtration
- Cabines (FL/GSB/Pesada)
- Matières premières
- Chaînes de remplissage
- Lyophilisateurs
- Réacteurs
- Bioréacteurs
- Centrifugeuses
- Mélangeurs/ broyeurs
- Compresseurs
- Colonnes de levage
- Homogénéisateurs
- Inspection/emballage
- Isolants
- Machines à laver
- Balances
- Chaîne du froid
- Autoclaves
- Fours
- Mesure de paramètres en ligne
- Équipement général
- Air comprimé
- Solutions pharmaceutiques (WFI/ PW)
- Générateurs de vapeur
- Distillateurs
- CVC
- Assurance métrologique
- Systèmes de construction spécialisés
- Traitement des résidus.
Total : 331 millions USD
Il existe d’autres importateurs sur ce marché qui achètent pour le secteur médical militaire et le ministère de l’intérieur, mais MEDICUBA est le principal.
Medicuba S.A travaille avec différents types de financement pour des opérations commerciales tels que :
Cash via le Banco Financiero Internacional
- Virement bancaire
- Cartes de crédit
Crédit via la Banque international de commerce (Banco Internacional de Comercio, BISCA), la Banque extérieure de Cuba (Banco Exterior de Cuba, BEC) et la Banque nationale de Cuba (Banco Nacional de Cuba, BNC).
Premières causes de décès à Cuba
- Maladies cardiovasculaires
- Cancer
- Maladies vasculaires cérébrales
- Influenza et pneumonie.