Conjoncture économique
Conjoncture économique
Le PIB du Brésil est estimé à 2,192,3 en 2024 contre 2,191,1 Mds USD en 2023, soit la 9ème économie mondiale. La croissance a été soutenue en 2023 (+3,2%) et en 2024 (+3,4%), suivant la même trajectoire que 2022 (+3,0%) après le rebond postpandémie observé en 2021 (+4,8%). La chute enregistrée en 2020 (-3,3%) avait été limitée par la mise en place de mesures de soutien inédites contre la pandémie. La dynamique devrait toutefois ralentir en 2025, avec une prévision de croissance de l’ordre de 2,2%.
La croissance restera tirée principalement par la consommation des ménages elle-même soutenue par un marché du travail toujours tendu et par l’ajustement du salaire minimum qui améliore légèrement la vie pour les travailleurs. Cependant, le taux d’expansion risque de ralentir, en raison de conditions de crédit restrictives. En outre, l'investissement fixe brut devrait également progresser à un rythme plus lent.
Le secteur privé, sera impacté par les conditions de crédit restrictives et leurs retombées négatives sur les prêts bancaires non affectés et le marché des obligations, et du côté public par les contraintes budgétaires. De même, ces dernières impliqueront une augmentation moins importante des dépenses publiques. En revanche, le secteur agricole (7 %) devrait se redresser en 2025, après s'être contracté en 2024, sous l'effet des effets secondaires associés au phénomène climatique El Niño. Bien que La Niña puisse être présente au début de 2025, elle devrait être de faible intensité et de courte durée. Au Brésil, ce phénomène tend à provoquer moins de pluies dans le sud et plus dans le nord et le nord-est. Dans le sud-est et le centre-ouest, les risques de périodes froides et pluvieuses augmentent. Enfin, la progression des exportations devrait être relativement plus élevée qu'en 2024, en raison d'une base de comparaison faible et malgré la croissance plus faible du principal marché d'exportation qu'est la Chine.
Un taux de change plus déprécié, une certaine reprise économique en Argentine (à partir d'une base de comparaison faible), la reprise de la production agricole et l'augmentation de la production de pétrole contribueront positivement aux ventes à l'étranger.
Le déficit extérieur du Brésil devrait s'améliorer légèrement en 2025, grâce à un excédent commercial plus élevé. Cependant, cette amélioration résulterait d'une perte de vitesse plus rapide des importations (dans un contexte d'affaiblissement de l'activité intérieure) que des exportations. En outre, le déficit des services pourrait se réduire légèrement, grâce à la baisse des coûts des transports maritimes et aériens.
Sur le plan budgétaire, les comptes publics restent le talon d'Achilles de l'économie brésilienne. Pour l'instant, les décideurs politiques se sont surtout efforcés d'augmenter les recettes, plutôt que de réduire les dépenses et de s'attaquer à la grande rigidité du budget (les dépenses obligatoires représentent 92 % des dépenses totales). En novembre 2024, le ministère de l'économie a présenté un programme d'ajustement budgétaire attendu depuis longtemps, qui prévoyait des réductions de dépenses totalisant environ 0,6 % du PIB en 2025-2026. Ce dernier devait permettre de respecter les objectifs du budget primaire (avant paiement des intérêts) fixés pour les deux prochaines années (équilibre primaire en 2025 et excédent de 0,25 % du PIB en 2026). Cependant, ce montant a été jugé insuffisant par les marchés financiers, qui ont pénalisé le Real brésilien en réaction.
La volatilité du taux de change et son impact sur l'inflation pourrait inciter le président Lula à faire de nouvelles annonces pour calmer les marchés. Mais, faute de nouvelles mesures de restriction des dépenses, le gouvernement ne parviendra probablement pas à atteindre l'objectif budgétaire fixé pour 2025.
Le gouvernement entame la deuxième partie de son mandat avec l'objectif d'adopter une réforme de l'impôt sur le revenu.
L’inflation est estimée à 4,4% en 2024, soit un taux supérieur à celui prévu par la Banque Centrale. Cette situation s’explique par l’activité économique plus dynamique que prévu, en particulier dans le secteur des services, ainsi que par un marché du travail tendu, avec une hausse des revenus du travail et une forte dépréciation du taux de change.
La dette publique atteint 87,6% du PIB en 2024 et devrait s’élever à 92% en 2025, soit un niveau inquiétant pour un pays émergent. En 2023, il atteint son niveau le plus bas en 25 ans soit moins de la moitié de la moyenne des pays de niveau de développement comparable. Plusieurs facteurs expliquent cet état de faits : des taux d’intérêt parmi les plus élevés au monde s’élevant en moyenne à 21% pour les entreprises et 52% pour les ménages ; le « custo Brazil » (coûts supplémentaires liés à la pratique des affaires : bureaucratie, complexité fiscale, corruption, infrastructures insuffisantes, charges sociales élevées, et dont les conséquences sont la perte de compétitivité des entreprises et la hausse des risques et des coûts d’investissements) ; la faiblesse des investissements publics notamment dans les infrastructures.
Par ailleurs, les phénomènes climatiques extrêmes impactent aussi fortement l’économie brésilienne. Le dernier épisode « El Niño » a provoqué des sécheresses record dans le nord du pays et des précipitations torrentielles dans le sud, avec des conséquences majeures sur l’économie, la société et la santé : problèmes liés à la production agricole, problème sanitaire et épidémie de dengue, pénurie en eau, production d’énergie limitée, diminution de la production industrielle, agricole, augmentation des incendies.
Les échanges commerciaux du Brésil
Le Brésil connait un excédent du solde commercial record en 2023, (98,8%en 2023) situation qui se poursuit en 2024 : 74,6 Md USD, soit 3,3% du PIB. Les exportations restent stables et sont portées par les matières premières ; les importations, pour leur part, essentiellement de produits manufacturés, ont progressé. Ce léger recul du solde commercial s’explique par une quasi-stagnation des exportations en raison de la mauvaise récolte de grains et par une forte progression des importations.
Les exportations brésiliennes
Les ventes de pétrole ont fortement progressé (+5,2%), atteignant un niveau record en 2024 été devenant pour la première fois le principal produit d’exportation du Brésil, devançant les ventes de soja, qi ont, quant à elle chuté de 19%, résultat d’une mauvaise récolte.
D’une manière plus détaillée, les exportations brésiliennes restent dominées par les ventes de produits primaires même si le secteur agricole est en recul.
Le Brésil continue à se positionner comme un grand exportateur de produits primaires. L’industrie extractive constitue le premier poste d’exportation du pays, avec 28% mu montant total exporté : pétrole, produits agricoles non transformés, matières premières brutes ou légèrement transformées.
Le secteur agricole continue à dominer en 2024, mais connaît un recul. Le soja, le café, le maïs sont des produits d’exportations clés.
L’industrie extractive continue de progresser, poussées par le dynamisme du secteur pétrolier, désormais principal produit d’exportation, et pa une solide demande en minerais de fer et concentrés.
Parallèlement, les exportations de l'industrie de transformation, y compris l’industrie agroalimentaire, affichent une croissance soutenue, atteignant des niveaux records et représentent près de la moitié des exportations du pays, confirmant ainsi son rôle central dans la structure commerciale du pays.
La Chine reste le premier marché d’exportation du Brésil, même si sa part dans les exportations brésiliennes a légèrement diminué (-2,7%). Elle a absorbé 28% des exportations brésiliennes. Les importations de produits brésiliens à destination de la Chine se concentrent sur le soja (33%), le pétrole brut (21%) et les minéraux de fer (21%).
Les Etats-Unis se maintiennent comme deuxième client du Brésil, représentant 12% des exportations. Le pétrole brut (14,3%) et les produits semi-finis (8,7%) dominent leurs achats.
L’Argentine suit en troisième position avec 4% des exportations, majoritairement composées de voitures et de pièces automobiles.
L’Union européenne capte 14,3% des exportations brésiliennes, devançant les Etats-Unis en termes de part de marché.
Les importations brésiliennes
Les importations brésiliennes atteignent leur plus haut niveau historique, stimulées par . l’augmentation de produits transformés, qui représentent 91% du total . Le pétrole raffiné est le principal produit d’importation avec 6,4% du total. Viennent ensuite les engrais (5,7%), dont les principaux fournisseurs sont la Russie et la Chine.
La Chine est responsable pour près du quart des achats du Brésil à l’étranger (24,2% du total des importations). Viennent ensuite les Etats-Unis (15,4%), l’Allemagne (5,2%) et l’Argentine (5%). La Chine reste un partenaire majeur pour le Brésil, avec une augmentation de 20% de ses exportations vers le Brésil en un an. Les principaux produits importés de Chine sont les panneaux solaires thermiques (7,1%) et les équipements de télécommunications (5,3%). Les achats depuis les Etats-Unis sont essentiellement des moteurs, dont les turbines pour avions (15,2%), et le pétrole raffiné (9,7%). L’Union Européenne a augmenté ses ventes au Brésil à 47 Md USD et sa part de marché représente 18%, derrière la Chine mais devant les Etats-Unis.
Après plusieurs années d’ouverture progressive au commerce international, le Brésil a amorcé un recul depuis 2023. Le pays reste l’un des pays les plus fermés parmi les grandes économies mondiales : droits de douane élevés, pics tarifaires et barrières non-tarifaires, résultant d’une politique de développement économique axée sur la substitution des importations, datant des années 1940.
Pour 2025, spécialistes s’accordent à dire que les exportations devraient rebondir grâce à une meilleure récolte de grains, tandis que les importations pourraient reculer sous l’effet de la forte dépréciation du taux de change observée en 2024 (-24,5% par rapport au dollar) et du ralentissement prévu de l’activité économique en 2025.
L’économie brésilienne est dotée d’indéniables atouts : des ressources naturelles abondantes, associées à une industrie diversifiée et à une économie de services moderne. L’Etat s’est réengagé dans une stratégie de développement des infrastructures de transports, point faible traditionnel du pays, ainsi que d’augmentation de sa capacité de production d’énergies renouvelables.
L’impact des problèmes environnementaux (déforestation principalement) sur la confiance des investisseurs ainsi que la dépendance toujours accrue de ses exportations au cours volatiles des matières premières et à la Chine, son premier client, constituent des vulnérabilités potentielles.
Pour répondre à ces faiblesses, le gouvernement Lula développe un agenda économique ambitieux mené par le ministre des Finances Fernando Haddad, qui a déjà en partie abouti avec l’adoption d’une réforme historique de la taxation des biens et services. Cette dernière, attendue depuis 35 ans, établit un régime de TVA au Brésil qui doit apporter transparence et simplification au système actuel, considéré comme archaïque (plusieurs impôts collectés à différents niveaux selon des règles et taux propres avec un effet cumulatif). Progressivement mise en œuvre à partir de 2026, le taux de cette TVA (entre 26 et 27,5% selon les estimations) et le détail des régimes spécifiques (exemption totale ou partielle) doivent encore être définis. Un deuxième volet de la réforme, concernant l’impôt sur les revenus, doit également être adopté avec l’objectif d’une répartition plus juste de la charge fiscale.
Le gouvernement actuel met également l’accent sur la relance des investissements publics, en baisse ces dernières années. Le 3ème plan d’accélération de la croissance (PAC 3) constitue le plan d’investissement pluriannuel 2023-2026 (317 milliards EUR) du gouvernement avec les axes prioritaires suivants (montants en milliards EUR) :
- Villes durables et résilientes (113) ;
- Transition et sécurité énergétique (105) ;
- Transports efficaces et durables (65) ;
- Innovation pour l’industrie de la défense (10) ;
- Education, sciences et technologies (9,4) ;
- Eau pour tous (5,7) ; Santé (5,7) ;
- Inclusion numérique et connectivité (5,2) ;
- Infrastructures sociales inclusives (0,5).
Ces investissements doivent également permettre de renforcer le développement durable, réduire les inégalités et contribuer au processus de néo-industrialisation.
Ces objectifs sont notamment repris dans un plan de transformation écologique basé sur 6 priorités :
- finances durables (ex. création d’un marché carbone et réforme fiscale) ;
- densification technologique (ex. fabrication de véhicules électriques) ;
- bioéconomie (ex. incitants et financements pour lutter contre la déforestation) ;
- transition énergétique (ex. politique nationale en matière d’hydrogène vert, biocarburants) ;
- économie circulaire (ex. recyclage) ;
- nouvelles infrastructures vertes et adaptation aux changements climatiques (ex. urbanisation des favelas).
Sur la plan international, le gouvernement brésilien mise surl’intégration régionale et la conclusion des accords commerciaux en cours de négociation pour ouvrir son économie (ex. accord du Mercosul finalisé avec Singapour et en cours de négociation avec l’UE) et souhaite mobiliser davantage d’investissements étrangerspour combler les lacunes de financement auquel le Brésil fait face. Dans le même temps, l’administration Lula conserve des réflexes protectionnistes, mettant notamment fin au processus de privatisation des entreprises publiques engagé par ses prédécesseurs (exemple : le port de Santos) et défendant l’industrie nationale, même si elle souffre de manque de compétitivité, d’efficacité et de qualité.
Custo Brasil
L'obstacle le plus important auquel se heurte le chef d’entreprise soucieux de développer des activités au Brésil est probablement le "Custo Brasil" ou "coût du Brésil". Ce terme fait référence aux coûts supplémentaires très réels liés à la pratique des affaires au Brésil : corruption, inefficacité du gouvernement, complications juridiques et bureaucratiques, fiscalité excessive, inflation, etc. Bien que ce "Custo" soit difficile à définir et qu'il ait diminué ces dernières années, il reste réel et est la cause d'une grande frustration pour les hommes et femmes d'affaires internationaux.
En raison de ce "Custo Brasil", il est important de travailler en étroite collaboration avec des avocats et des comptables locaux, les « despachantes » extrêmement utiles pour surmonter les nombreuses et insondables complexités locales. Notre bureau économique et commercial à São Paulo (saopaulo@awex-wallonia.com).
Sources :Coface (https://coface.ma/Etudes-economiques/Bresil)
BMI (www.fitchsolutions.com/bmi)
Agence France Trésor (https://www.tresor.gouv.fr/pays/BR)
Credendo
Avril 2025
Points forts et points faibles
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Exportations de la Wallonie vers le Brésil
1. Exportations wallonnes à destination du Brésil
Position du Brésil comme client de la Wallonie
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
16 |
22 |
17 |
16 |
16 |
Le Brésil se maintient depuis plusieurs années déjà comme 16ème marché de la Wallonie pour l’année 2023. C’est notre 2ème marché pour la zone Amériques, après les USA et avant le Canada. Cette position varie selon les années, le Brésil et le Canada au coude à coude. Le Brésil est, par conséquent le 1er marché pour la Wallonie pour la zone Amérique latine. Il n’empêche que nos ventes vers le Brésil restent peu significatives car elles correspondent à 0,86% du total du montant exportés par la Wallonie en 2023.
Exportations wallonnes à destination du Brésil (en millions d'euros)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
376,7 |
305,4 |
432,6 |
477,6 |
463,8 |
Taux de croissance des exportations wallonnes vers le Brésil (%)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
-4,9% |
-18,9% |
+41,6% |
+10,4% |
-2,9% |
L’année 2020 a vu les exportations wallonnes reculer de plus de 18%. En revanche, les résultats repartent à la hausse en 2021 (+41%) et en 2022 (+10%) tandis qu’elles fléchissent légèrement en 2023 (-3%).
Secteurs des exportations wallonnes
Principaux secteurs d’exportation de la Wallonie à destination du Brésil (2023) :
Part de ce pays dans les exportations wallonnes totales (%) : 0,86%
Part de la Wallonie dans les exportations belges vers ce pays (%) : 18,99%
2. Importations wallonnes provenant du Brésil
Position du Brésil comme fournisseur de la Wallonie
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
29 |
31 |
35 |
35 |
32 |
La position du Brésil bouge très peu d’année en année en tant que fournisseurs de la Wallonie. Le pays arrive à la 32ème place, contre la 35ème place en 2022. Ici aussi, le Brésil est notre premier fournisseur pour la zone Amérique latine. La part du Brésil dans le total des importations est de 0,14% du total.
Importations wallonnes provenant du Brésil (en millions d'euros)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
76,73 |
78,47 |
48,70 |
54,94 |
54,56 |
Taux de croissance des importations wallonnes en provenance du Brésil (en %)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
13,6% |
+2,3% |
-37,9% |
+12,8% |
-0,7% |
Les importations wallonnes de produits brésiliens alternent les augmentations et les diminutions d’année en année : elles baissent de moins de 1% en 2023 après avoir enregistré une hausse de près de 13% en 2022.
Secteurs des importations wallonnes en 2023 :
Principaux secteurs d’importation en Wallonie en provenant du Brésil (2023) :
Balance commerciale Wallonie- Brésil
Balance commerciale Wallonie-Brésil (en millions d'euros)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
300 |
227,0 |
383,9 |
422,6 |
409,3 |
Variation de la balance commerciale wallonne (en millions d'euros)
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
-28,4 |
-73,0 |
+156,9 |
+38,7 |
-13,3 |