Contexte général

L'Arabie Saoudite est la première puissance économique du Moyen-Orient et le plus riche pays arabe. La politique de grands travaux menés par le gouvernement ainsi que les investissements directs étrangers et la solidité du système bancaire et financier ont permis à ce pays de devenir la 1ère économie régionale et la 17e mondiale.

La pandémie de Covid-19 n’a pas épargné les Etats du Golfe mais l’Arabie Saoudite a pu sortir son épingle du jeu en faisant preuve de rigueur et d’agilité. Même si la crise sanitaire a largement perturbé le calendrier des réformes, le pays s’est montré créatif en utilisant les outils digitaux à sa disposition et en saisissant l’opportunité qu’offre la remise en cause des fondements traditionnels de l’économie pour pousser les investissements dans les secteurs innovants comme le veut la feuille de route Vision 2030 emmenée par le jeune prince héritier Mohammed bin Salman. Ce plan vise à réduire la dépendance du pays au pétrole en diversifiant son économie. Le PIB du pays devrait augmenter de 1,5% en 2024, après une contraction de 0,8 % en 2023. Une croissance plus soutenue, estimée à 4,8%, est prévue pour 2025. L'économie saoudienne entre dans une phase de transformation socio-économique majeure, notamment avec des investissements dans des secteurs porteurs comme le tourisme, l'énergie renouvelable, la santé et l'industrie manufacturière.

Pour la première fois dans son histoire, l’Arabie Saoudite connaît donc une période de changements socio-économiques jamais vu auparavant. Un potentiel formidable se dessine dans de nombreux secteurs accompagnés par un relâchement des mesures sociétales conservatrices qui caractérisaient autrefois le royaume : tourisme, divertissement, cinéma, sports, restauration ou encore musique.

Le niveau de vie demeure l'un des plus élevés de la région, avec un PIB par habitant estimé à 32 030 USD (au taux de change du marché). Cependant, le pays doit encore relever des défis sociaux, notamment en matière d'emploi. Le taux de chômage est estimé à 7,6% en 2024, bien qu'il ait été réduit par rapport aux années précédentes. Les efforts pour augmenter la participation des femmes au marché du travail portent leurs fruits, avec 34 % de participation féminine. 

L'agriculture, la pêche et la foresterie représente 2,5% du PIB du pays et emploie près de 5% de la population active. C'est un secteur peu productif malgré les investissements massifs de l'Etat. L'Arabie Saoudite, de par les contraintes géographiques et climatiques pesant sur son relief (sécheresse), importe la majeure partie de ses besoins en produits agricoles et agroalimentaires (environ 80%). La pénurie d’eau est une problématique régionale sérieuse.

Le secteur industriel saoudien représente 40% du PIB et reste dominé par l'extraction du pétrole, avec des réserves équivalentes à environ 17% des réserves mondiales, ce qui en fait le plus grand producteur et exportateur de pétrole au monde. En 2024, les exportations de pétrole devraient atteindre 217,2 milliards USD. Le pétrole compte pour près de 90% des exportations du pays et constitue environ 80% des revenus du gouvernement. Cependant, sous l'impulsion de la Vision 2030, la diversification économique en cours commence à élargir la base industrielle au-delà des activités pétrolières, notamment grâce aux investissements de l'État pour développer les secteurs non pétroliers.

Enfin, le secteur des services représente 35.9% du PIB, et il est soutenu par des secteurs clés comme la finance, les assurances et surtout le tourisme. L'Arabie Saoudite a accueilli 100 millions de visiteurs en 2023, grâce à la croissance du tourisme religieux et non religieux. Les projets phares comme NEOM, RED SEA et QIDDIYA visent à positionner le tourisme comme un pilier essentiel de l'économie d'ici 2030, avec l'objectif ambitieux d'attirer 100 millions de touristes internationaux chaque année.

Cette stratégie de diversification et de modernisation laisse entrevoir un potentiel économique immense pour le pays, même si la dépendance au pétrole reste un défi de taille.

Défis

Les autorités saoudiennes font face à de nombreux défis et les réponses à ceux-ci influencent directement la vie des entreprises. Il est donc important de les rappeler.

Les autorités saoudiennes continuent de faire face à plusieurs défis majeurs, et les réponses apportées influencent directement le climat des affaires. Parmi ces défis, la gestion des finances publiques demeure cruciale. En 2024, le déficit public est estimé à 2,2 % du PIB, une légère augmentation par rapport aux objectifs du gouvernement. La dette publique, quant à elle, devrait représenter 29,9 % du PIB en 2024, en baisse par rapport à son pic de 37,9 % en 2020

L’emploi représente également un autre défi pour l’Arabie Saoudite. La population saoudienne est très jeune (65% de la population a moins de 35 ans) et le chômage est élevé (7.6%). Afin de faire face, les autorités ont donc mis en place en 2011 un système (Nitaqat) visant à augmenter le taux de « saoudisation » dans les entreprises. En résumé, ce système simplifie la vie administrative des entreprises qui respectent les quotas d’employés saoudiens. Il est à noter que ces quotas varient en fonction des secteurs (exemple : peu de saoudiens dans la construction, beaucoup dans la finance). A ce sujet, notons que certains secteurs comme la téléphonie mobile ou le commerce de détail connaissent des transformations profondes et emploient aujourd’hui majoritairement des Saoudiens, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Par ailleurs, le rôle que la femme a à jouer dans la lutte contre le chômage est crucial : représentant 42% de la population, la gent féminine est la clef d’une société active et d’une économie diversifiée florissantes étant donné les restrictions à l’embauche qui prévalaient auparavant. D’ailleurs, la loi parue en août 2019 visant à mettre fin aux discriminations de genre a largement contribué à l’augmentation de la présence des femmes dans la population active. Enfin, comme présenté plus haut, l’Arabie Saoudite doit diversifier son économie afin de ne plus dépendre autant du pétrole et des revenus qu’elle en tire. La vision 2030 et le programme de transformation national visent évidemment à atteindre cet objectif le plus rapidement possible. Elle est articulée autour de trois axes principaux : une économie florissante, une société animée et une nation ambitieuse. Selon ce plan, le secteur privé devrait ainsi augmenter sa contribution au PIB saoudien de 40% à 60% en 2030.

Le pilier économique de la Saudi Vision 2030 est structuré autour des programmes : (1) d’équilibre des finances publiques, (2) de développement du secteur financier, (3) de diversification des investissements dans l’économie nationale par le fonds souverain, Public Investment Fund, (4) de privatisations et de développement des partenariats public-privé, (5) de développement du potentiel industriel par les incitations à la localisation de production manufacturière, (6) de promotion des entreprises nationales et (7) programme de construction de logements. Autre signe de cette mue économique, la transformation d’Aramco. La plus grande société pétrolière au monde investit massivement dans les nouvelles technologies (CCU, batteries, hydrogène, matériaux non métalliques, etc.), les énergies renouvelables et affirme son rôle prépondérant de leader du raffinage et transformation du pétrole en hydrocarbures (downstream) en rachetant l’entreprise chimique SABIC. Qui plus est, l’annonce faite en 2016, d’ouvrir 5% du capital del’entreprise. Bien que retardée de trois ans, cette entrée en bourse n’a pour l’instant concerné que 1,7% du capital de l’entreprise pour un montant total de 26 milliards de dollars US, portant hypothétiquement la valeur de la société à 1700 milliards de dollars, loin derrière les 2000 milliards espérés par le prince héritier mais battant tout de même le record de la capitalisation la plus chère au monde. Un pourcent supplémentaire devrait faire l’objet d’une nouvelle introduction en bourse prochainement. Les moyens dégagés ont été investis dans le fonds public d’investissement (Public Investment Fund), véritable bras financier du Royaume et moteur de la diversification, comme le prouve les placements du fonds dans des secteurs de pointe tel que la voiture électrique (Lucid Motors), la santé connectée (Multiplan) ou même le divertissement (Live Nation).

A terme, le Fonds d'investissement public s’érigera comme le plus grand fonds souverain du monde – en prévoyant d’amasser plus de 1000 milliards de dollars US – et l'un des principaux piliers de la Vision 2030 du Royaume. L’objectif est d’augmenter la contribution du secteur privé à l’économie (la contribution des PME au PIB devrait passer de 20 à 35% d’ici 2030) et financer des secteurs d’avenir, en injectant pas moins de 150 milliards dans l'économie Saoudienne chaque année jusqu'en 2025 pour faire porter à 70% le contenu local dans le fonds. C’est aussi le sens de l'initiative Shareek (« partenaire ») destinée à inciter certaines des plus grandes entreprises à investir près d’1,3 milliard de dollars localement d'ici 2030. Le programme vise enfin à créer plus de 1,8 million d'emplois cumulés d'ici 2025.

Situation économique actuelle

Les hydrocarbures continuent de jouer un rôle prépondérant dans l'économie saoudienne, représentant environ 40 % du PIB. La baisse des revenus pétroliers en 2023 a contribué à une récession de -0,8 % du PIB cette année-là, aggravée par des réductions de production volontaire. Cependant, grâce aux investissements massifs dans les secteurs non pétroliers, la croissance devrait reprendre à 1,5 % en 2024.

Les efforts pour diversifier l'économie, dans le cadre de Vision 2030, continuent de porter leurs fruits, le secteur non pétrolier contribuant désormais à grande partie du PIB. L'inflation devrait se stabiliser à environ 1,8 % en 2024, contre 2,3 % en 2023, grâce à des politiques de contrôle des prix et à la stabilisation des coûts énergétiques.

En 2024 on prévoit une réduction des dépenses publiques de 3 % par rapport à 2023, après une augmentation notable des dépenses l'année précédente. Le déficit budgétaire devrait atteindre 2,2 % du PIB en 2024, et la dette publique s'élève à environ 29,9 % du PIB, en légère augmentation depuis 2023.

La production de pétrole devrait atteindre 9 millions de barils par jour (b/j) en 2024, avec une augmentation progressive prévue jusqu'à 10,8 millions b/j d'ici 2028. Parallèlement, la production de gaz naturel continue d'augmenter, avec des investissements importants dans les infrastructures gazières et pétrochimiques. 

Les grands projets d'infrastructure, tels que NEOM, continuent de progresser, bien que certains projets trop ambitieux soient réévalués pour s'adapter aux réalités économiques actuelles. Les investissements étrangers, attirés par des opportunités dans des secteurs tels que le tourisme, la défense et les technologies renouvelables, sont stimulés par des programmes comme Shareek, qui vise à injecter plus de 1,3 milliard USD dans l'économie d'ici 2030.

Relations commerciales de l'Arabie Saoudite

L'Arabie Saoudite reste un acteur clé du commerce mondial, occupant le rang de 27e exportateur et de 32e importateur de biens en 2024. Le commerce extérieur représente environ 50 % du PIB du pays. La balance commerciale du royaume, structurellement excédentaire, est étroitement liée aux fluctuations des prix du pétrole et à la demande mondiale.  Les principaux partenaires à l'exportation de l'Arabie Saoudite sont la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Les principaux partenaires à l'importation sont la Chine, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, et l’Allemagne. Le pays exporte essentiellement des hydrocarbures et importe principalement des véhicules, des équipements de télédiffusion, des hydrocarbures, des médicaments et des téléphones.

Pour promouvoir le commerce international, attirer des investissements étrangers et diversifier les secteurs non-pétroliers, le gouvernement a lancé le projet d’établissement de 7 "zones économiques spéciales" dans différentes régions du pays, en commençant par la capitale Riyad.

Ces « free-zones » bénéficieront d’un régime de taxation à part entière et proposeront des incentives fiscales considérables (suspension de l’impôt sur les sociétés durant 50 ans, levée temporaire de l’obligation de saoudisation, tarifs préférentiels pour la location d’espace commercial et le paiement des consommables, etc.). Toutes ces évolutions s’inscrivent dans une tendance de fond visant à positionner l’Arabie au centre de son espace régional et plus loin, en l’érigeant en véritable pôle économique et industriel mondial. Ainsi, Riyad essaye de rattraper son retard sur son éternel concurrent et mieux-faisant voisin émirati en tentant de capter les flux de capitaux étrangers vers le Golfe. C’est là toute la teneur de la mesure RHQ 2024 visant à obliger les firmes étrangères souhaitant passer des contrats avec les agences publiques du Royaume à installer leur siège régional en Arabie d’ici au 1er janvier 2024. Ce programme a déjà attiré plus de 350 multinationales à Riyad​

Le message a déjà été entendu par de nombreux pays européens qui n’ont pas hésité à envoyer leurs plus hauts émissaires à Riyad dans le cadre de visites officielles accompagnées de délégations d’entreprises comme en témoignent les nombreuses visites récentes effectuées par nos voisins :

  • Janvier 2021 : visite de l’ancien Premier Ministre italien lors du forum annuel sur l’investissement (« Davos du Désert ») pour un entretien avec MBS ;
  • Février 2021 : visite du Ministre des Affaires étrangères espagnol qui s’est notamment entretenu avec les Ministres Saoudiens du Commerce et de l’Investissement ;
  • Avril 2021 : visite du Ministre français du Commerce Extérieur accompagnée de 40 entreprises du MEDEF International et suivie de la signature à Paris de l'accord de coopération entre Business France et le ministère de l'Investissement saoudien (MISA);
  • Septembre 2021 : visite du Ministre tchèque des Affaires étrangères accompagné d’une délégation de 20 entreprises de la Confédération tchèque de l’Industrie ;
  • Septembre 2021 : visite du Ministre des Affaires étrangères autrichien suivie d’une délégation de la Chambre économique fédérale ;
  • Avril 2022 : Visite du président Turque et le Roi d’Arabie Saoudite
  • Avril 2022 : Rencontre entre le Ministre de l’économie saoudienne et le premier ministre de Slovénie.

Sans oublier la suprématie incontestable de certains pays grâce à leur lobbying intense dans des secteurs ou projets cruciaux comme le prouvent la présence d’entreprises ou expatriés hollandais, anglais et bien sûr américains omniprésents dans le domaine de l’énergie, le recyclage, la logistique ou même le métro de Riyadh.

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