Non, il ne s’agit pas d’une erreur, l’Allemand n’est pas – comme nous le sommes – sensible à l’autorité. Je présume que vous écarquillez les yeux en doutant de la fiabilité des travaux de l’anthropologue Hofstede. Oui, l’Allemand apprécie la hiérarchie et obéira aux ordres de son supérieur. Mais pas comme nous : nous obéissons aux ordres de la hiérarchie, même s’ils sont injustes et illégaux, car nous nous considérons hiérarchiquement « inférieurs » et donc soumis aux ordres. L’Allemand voit les choses de manière fort différente : il considère qu’une hiérarchie est nécessaire, et il attend les ordres pour agir. Mais il connaît l’éventail des ordres possibles pour faire fonctionner la mécanique. Si un ordre est « anormal », à savoir illégal, stupide ou injuste, il pourra très bien le faire remarquer, entamer une discussion et éventuellement remettre en cause l’ordre de son supérieur hiérarchique. Cette éventualité est fort rare dans nos cultures belges et françaises.

En comparaison des Belges et des français, l’allemand est plus masculin, c’est-à-dire qu’il éprouvera moins que nous le besoin d’harmonie, supportera plus facilement que nous des situations conflictuelles et puisera dans ses propres convictions sa force et sa fermeté.

Quant à l’autre aspect de la Masculinité qui est le besoin de compétition et de réussite, il y sera très sensible, autant à la réussite en elle-même qu’à ses attributs (voiture, vêtements, titre, etc.).

En réalité, l’Organisateur – ici allemand – est fort sensible à l’incertitude. Nous également, me direz-vous. Oui, mais nous avons, les uns et les autres, compensés ce souci par une astuce. L’astuce des Organisateurs pour éviter l’angoisse de l’incertitude est l’organisation. Comprenons que c’est ce score élevé qui explique ce besoin de précision qui les caractérise. « Précision mécanique rassurante » (Vorsprung Durch Teknik). L’annonce d’un délai de livraison supplémentaire doit être annoncé d’une voix grave. Le « changement de programme pour raison technique » crée une souffrance perceptible chez vos interlocuteurs. Et disons-le tout de suite, notre image de « diplomate » est – à ce point de vue – profondément désastreuse auprès des Organisateurs. Autant le savoir, il nous faudra un peu de temps pour établir un rapport humain solide et pour que notre interlocuteur se débarrasse du cliché du Diplomate « dangereusement fantaisiste ». Mais une fois le climat de confiance établi, vous ne regretterez pas votre patience. L’Organisateur est un client fiable.