Luc Druez, ambassadeur wallon dans le design textile le temps de l'exposition "TEXTILES REVEALED" à New York

Luc Druez est consultant en recherche textile auprès des grandes maisons de couture. Sa mission, leur proposer une utilisation originale de tissus nobles et fils innovants. Un travail d’artiste qui se fonde sur l’expérimentation et l’interrogation du rapport de la matière avec l’espace et la lumière. Son dernier projet, « DeCluuz » est à découvrir dans le cadre de l’exposition « TEXTILES REVEALED » de Belgium is Design à New York jusqu’au 05 novembre.

Juliette Le Maguer : Bonjour Luc. Vous présentez actuellement votre projet « DeCluuz » pour l’exposition « Textiles Revealed » dans le cadre du New York Textile Month. En deux mots,en quoi consiste ce projet et quelle est sa finalité ?

DeCluuz, c’est mon dernier projet en recherche textile. J’ai créé une série de portraits féminins, dont les images se matérialisent par un entrelacement de fibres techniques et de filaments métalliques. Avec ces tapisseries à grande échelle, j’invite le public à échanger des regards avec ces jeunes « dames de métal » et je lui propose de faire un saut entre l'appropriation technique de fibres inattendues (fils électriques, fils de pêche, etc.) et le patrimoine ancestral de l’art du tissage.

JLM : Avez-vous toujours eu à cœur de travailler et valoriser la fibre, qu’elle soit textile ou non ?

LD : Mon aventure de créateur a débuté en 1992 avec  l’édition « LcD » , un projet qui propose des textiles à base de fibres techniques principalement aux architectes, designers, théâtres… Cette collection était une démonstration de potentiel des fibres et les clients pouvaient composer un matériau sur mesure avec cette base. L’aventure se poursuit toujours aujourd’hui avec « Decluuz » : une nouvelle signature pour des pièces uniques. Ces créations en nom propre modifient radicalement mon rapport au métier. Une telle approche m’offre une bulle de liberté. Non pas que je ne sois pas libre lorsque je travaille pour d’autres, mais ici, je peux créer avec mon intuition, donner libre court à mon expression personnelle.

JLM : Vous travaillez en nom propre, mais également pour des clients issus de tous les univers, dont celui de la haute couture.

LD : Exact. Mon travail c’est un aboutissement de 20 années de rencontres. Un tel aveu peut sembler banal mais il est pourtant sincère. Les concours auxquels j’ai pris part, notamment grâce à WBDM (Wallonie-Bruxelles Design Mode), m’ont permis de croiser la route de personnes qui partagent les mêmes intérêts que moi. Ils recherchent des tissus sur mesure, ressentent mon travail, souhaitent une collaboration… Autant d’éléments qui permettent de tisser des liens et qui, de fil en aiguille, m’ont permis de croiser la route de designers et de couturiers. Auprès d’eux et des maisons de coutures (Fendi, Lacroix, Hermès...), j’étais sollicité pour proposer un tissu innovant, qui respecte à la fois un cahier des charges normatif exigeant et l’identité artistique de la maison tout en étant élégant.

Luc Druez, consultant et artiste en recherche textile

Le textile me permet d’aller à la rencontre de tous les secteurs artistiques : photographie, graphisme, architecture… c’est génial !

JLM : Comment avez-vous pris pied dans l’univers du textile ?

Luc Druez : Vous avez combien de temps ? (Rires). Pour faire simple, quand j’avais dix-sept ans, je rêvais de faire de la photo et du graphisme, de l’architecture… mais sans avoir accès à ces formations par manque de bagage. J’ai intégré l’institut Bischoffsheim à Bruxelles et je me suis lancé dans l’option « textiles » sans trop savoir ce qui m’attendait.

Un monde nouveau s’est alors ouvert à moi. J’ai pris conscience que, grâce à cette option, je ne devais plus choisir entre les différentes formes d’art qui m’intéressaient, dans la mesure où le textile permettait d’aller à la rencontre de tous ces secteurs et… c’était génial !

JLM : Pour conclure, pourriez-vous, Luc, partager avec nous comment WBDM vous a aidé à vous développer dans votre métier ?

LD : La présence de WBDM a été pour moi un soutien précieux dès mes débuts. Je me souviens en autres que, grâce à eux, j’ai pu participer à un salon à Londres, il y a déjà une quinzaine d’années. A l’époque, j’étais tout jeune dans le métier et il va de soi que sans leur soutien, je n’aurais jamais pu financer ma présence sur place. Grâce à ce type de salons internationaux, à des stands collectifs, j’ai pu me créer une clientèle, nouer des liens avec des créateurs, donner naissance à des collaborations par la suite…

Bref, la Belgique est bien lotie de ce point de vue-là : accorder des aides aux artistes et artisans afin qu’ils puissent vivre de leur métier, ça change un parcours ! De plus, l’expertise de WBDM permet aussi d’échanger des informations précieuses sur les marchés spécifiques par zones géographiques : les attachés partenaires, implantés partout dans le monde peuvent fournir une aide précieuse pour trouver un lieu d’exposition, des contacts de fournisseurs ou clients, me conseiller sur les pratiques commerciales « locales » …. C’est précieux !

 

Propos recueillis par Juliette Le Maguer

Luc Druez (au centre), entouré de Ani Bedrossian, Flavien Servaes, Lidewij Edelkoort, Geneviève Levivier, Justine de Moriamé et Erika Schillebeeckx durant l'exposition "Textiles Revealed"

Depuis 2006, Wallonie-Bruxelles Design Mode (WBDM) soutient les entreprises et les designers (Wallonie et Bruxelles) des secteurs de la mode et du design dans leur développement international. Cela comprend la mode, le design produit, -de mobilier, -textile, -d'espace, -de communication, -social et le food design.

WBDM s’adresse avant tout à un public d'entreprises et de créateurs entrepreneurs, dont l’ambition est d’élargir leur activité à l’étranger et de les soutenir grâce à son équipe spécialisée dans la mode et le design. Comment ? En leur apportant des formations, des conseils à l’exportation en les appuyant sur les différentes aides, soutiens financiers et autres opportunités, en prospectant de nouveaux marchés via les salons, événements internationaux et la presse spécialisée.

Plus d'infos : www.wbdm.be

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