Conjoncture économique

Le Pakistan est une économie de marché émergente d'Asie du Sud qui présente des déséquilibres chroniques sur ses comptes budgétaires et extérieurs. Les inquiétudes concernant la stabilité politique, la sécurité intérieure et la faiblesse des fondamentaux économiques limitent son attrait pour les investisseurs.

Nous prévoyons que le Pakistan fera défaut sur ses obligations de dette publique extérieure d'ici le début de 2024. Bien que le mécanisme élargi de crédit (MEDC) de 6,5 milliards de dollars US accordé par le FMI prenne fin en juin 2023, il reste 2,6 milliards de dollars US à débourser en deux tranches. L'historique des retards dans la mise en œuvre des réformes et le blocage du programme pourraient signifier que le programme se prolonge au-delà de la date de conclusion prévue, et le FMI accorde une extension de trois mois à l'échéance de juin 2023. Toutefois, cela entraînera des problèmes supplémentaires pour le gouvernement, qui devra promulguer de nouvelles mesures impopulaires à l'approche des élections nationales. La fin du mécanisme élargi de crédit du FMI empêchera le Pakistan de générer suffisamment de recettes, de prêts bilatéraux ou de réserves de change pour rembourser les obligations liées à la dette, payer les importations et reconstruire l'économie après les inondations dévastatrices de 2022.

Cette année, la priorité politique du gouvernement sera de reconstruire progressivement les infrastructures endommagées par les inondations. En janvier, le Pakistan a obtenu des institutions bilatérales, multilatérales et commerciales des promesses de prêts d'un montant de 8,5 milliards de dollars US pour les efforts de secours en cas d'inondation (le besoin déclaré du gouvernement était de 16,3 milliards de dollars US). Les priorités à plus long terme comprennent l'établissement d'accords commerciaux bilatéraux avec des pays comme la Turquie et l'Iran, bien que cela soit peu probable avant la dernière partie de notre période de prévision.

L'élaboration des politiques sera régulièrement soumise à l'ingérence de l'armée. Les secteurs de la logistique et du transport en particulier, qui sont dominés par des entités soutenues par l'armée, deviendront moins compétitifs que les secteurs sans intervention militaire. Une plus grande implication de l'armée dans l'économie pourrait également accroître les risques d'expropriation pour les investisseurs étrangers dans les secteurs de l'énergie et de l'extraction.

Nous prévoyons que le PIB réel augmentera de 1,9 % en 2022/23, en forte décélération par rapport aux 6,2 % de 2021/22, et restera modéré en 2023/24, à 2,1 %. Le chômage dans le secteur agricole restera élevé en raison de la perte de terres arables après les inondations de 2022. Le secteur manufacturier restera confronté aux contraintes liées aux pénuries de matières premières et aux coupures d'électricité, qui ont entraîné la fermeture de certaines entreprises dans les secteurs des engrais, de l'acier et du textile depuis la fin de l'année 2022. En outre, l'inflation élevée et les effets décalés des hausses de taux d'intérêt freineront la consommation.

La croissance des exportations devrait être morose en 2023 en raison du ralentissement de la croissance aux États-Unis et en Europe, même si la région du Golfe apportera un certain soutien. L'élan de l'investissement sera modéré, en raison de la hausse des taux d'intérêt, de l'imposition de la supertaxe sur certains secteurs, ainsi que de l'incertitude sur les perspectives de la demande. Le ralentissement de l'expansion de la consommation privée maintiendra la croissance du secteur des services à un niveau faible en 2022/23 et 2023/24. La croissance sera légèrement soutenue par les investissements liés aux projets du CPEC et par les dépenses publiques visant à restaurer principalement les logements et les terres agricoles.

Les baisses de taux, l'affaiblissement des pressions inflationnistes et la reprise progressive de la croissance des exportations en 2025-27 amélioreront le moral des consommateurs et des entreprises, ce qui alimentera progressivement une expansion économique modeste. La croissance bénéficiera également des investissements des entreprises chinoises dans le cadre du CPEC. La croissance du PIB réel sera en moyenne de 4,8 % par an en 2024/25-2026/27.

 

Source : Pakistan One-click Report 2023 www.eiu.com © Economist Intelligence Unit Limited 2023

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