Gouvernement

 

Guide suprême : Ayatollah Ali Khamenei

Président : Ebrahim Raïssi (depuis le 3 août 2021)

 

Membre de l’ACP (Association du Clergé Militant), Ebrahim Raïssi a été élu avec 72,35% des voix (taux de participation de 48,48%, le plus bas enregistré).

 

 


Situation politique actuelle

La République islamique d’Iran, proclamée le 1er avril 1979, est un régime théocratique chiite. Elle tient compte de la loi islamique (charia) et repose sur le principe de la tutelle du jurisconsulte (velayat-e faqih), ce qui signifie que l’ensemble des institutions (politiques, judiciaires, militaires et médiatiques) sont placées sous l’autorité du Guide suprême de la Révolution islamique. Cette fonction est assumée par l’ayatollah Khamenei qui a succédé à l’ayatollah Khomeini après son décès en 1989.

Le Président de la République islamique d’Iran, Ebrahim Raïssi, exerce quant à lui certaines fonctions de chef d’État (signature des traités, accréditation des ambassadeurs, etc.) en plus d’assumer celles de chef de gouvernement. Il peut être destitué par le Guide suprême ou le Parlement (Majlis). Les conservateurs ont largement gagné les dernières élections du Majlis en 2020, succédant au mouvement réformiste. Les prochaines élections du Majlis sont prévues début 2024, tandis que les élections présidentielles auront lieu en 2025.

Au niveau de l’actualité politique, notons qu’à la suite du décès de Mahsa Amini le 16 septembre 2022 lors de son arrestation par la police des mœurs iranienne pour port du voile non conforme, un large mouvement de contestation populaire s’est produit pendant plusieurs mois sur l’ensemble du territoire iranien. Les manifestations se font actuellement plus rares en Iran, même si la mobilisation ne faiblit pas dans la région sunnite du Sistan-et-Baloutchistan où des protestations sont toujours organisées. Une forte répression a été menée contre les manifestants,  l’ONG Iran Human Rights estime ainsi que le nombre de victimes s’élève à 537 morts.

Politique étrangère

L’Iran de par son histoire millénaire ainsi que par son poids démographique et économique est un acteur géopolitique majeur du Moyen-Orient. Après plusieurs années de tensions régionales notamment avec l’Arabie saoudite,  l’Iran cherche maintenant à afficher une politique de bon voisinage envers les pays du Golfe. Ainsi, le 10 mars 2023, l’Iran et l’Arabie saoudite ont repris leurs relations diplomatiques et commerciales interrompues depuis 2016, et ce sous l’égide de la Chine.

L’Iran continue également à afficher son soutien à ses alliés régionaux dans le monde arabe telles les milices chiites irakiennes, les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban ou encore certains groupes palestiniens tel le Hamas. Il s’agit d’un axe stratégique important pour l’Iran, allant de l’Irak au Liban et aux Territoires palestiniens qui permet à l’Iran de poursuivre son objectif d’exportation de la révolution islamique en plus de maintenir une pression sur l’Etat d’Israël qui demeure l’un des ennemis majeurs de la République islamique.

Les relations entre l’Iran et les Etats-Unis se sont par contre fortement dégradées au cours des dernières années, à la suite de la sortie de l’accord sur le nucléaire initiée par Donald Trump le 8 mai 2018 et la mise en place de nouvelles sanctions économiques contre le pays. Même si l’administration de Joe Biden a permis de renouer un dialogue avec l’Iran en tentant de renégocier un nouvel accord sur le nucléaire, toutes les tentatives se sont actuellement soldées par un échec. Notons que la guerre en Ukraine (avec le soutien de l’Iran à la Russie) a ensuite arrêté les négociations et que les Iraniens seront sans doute peu enclin de négocier un nouvel accord dans la perspective des prochaines élections américaines de 2024. Notons que depuis la sortie du JCPOA, les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) font état de la poursuite extrêmement préoccupante des activités nucléaires de l’Iran. Notons qu’au niveau de l’Union européenne,  l’Iran est sous différents régimes de sanctions, visant à persuader l’Iran de se conformer à ses obligations internationales (voir section « Régime de sanctions »).

Afin de sortir de son isolement sur la scène internationale, l’Iran a décidé de faire de la Chine et de la Russie des partenaires stratégiques. Un pacte de coopération stratégique et commerciale de 25 ans entre Pékin et Téhéran a ainsi été conclu le 27 mars 2021 par les ministres des affaires étrangères iranien et chinois. De plus, l’Iran est devenu membre permanent de l’Organisation de Coopération de Shanghai le 4 juillet 2023. Il faut également souligner que la Chine est le premier investisseur étranger dans le pays.

L’Iran affiche également sa proximité avec la Russie, notamment au niveau militaire. A l’été 2022 des rapports ont révélé que l’Iran avait pris la décision de livrer des drones militaires à la Russie, en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Depuis 2019, la Chine, la Russie et l’Iran ont également mené plusieurs exercices militaires conjoints, dans le Golfe Persique et en mer d’Oman.

À court terme, les relations internationales de l'Iran seront dominées par l'évolution de son rôle dans la guerre qu'Israël mène à Gaza contre le Hamas, à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023. L'Iran a nié toute implication directe dans l'attaque du Hamas, ce qui a été accepté jusqu'à présent par Israël et les États-Unis, mais les relations connues et continues de l'Iran avec le Hamas sont susceptibles de faire dérailler la récente désescalade des tensions avec les États-Unis et de conduire à une intensification de la longue guerre de l'ombre avec Israël. Il sera primordial d'observer la réaction des proxys de l'Iran, en particulier le Hezbollah au Liban, mais aussi en Syrie, en Irak et au Yémen.

La récente réconciliation entre l'Iran et l'Arabie saoudite a permis aux deux poids lourds de la région de discuter de la guerre à Gaza. Les deux pays ont des intérêts économiques à veiller à ce que la guerre à Gaza soit contenue et ne perturbe pas la paix et la sécurité régionales. Cependant, les récents développements n'auront pas contribué à atténuer la méfiance mutuelle, et nous nous attendons à ce que les tensions augmentent, avec le harcèlement continu de l'Iran sur la navigation dans et autour du détroit d'Ormuz. En outre, au-delà de l'engagement visant à assouplir les sanctions, l'Iran continuera d'accorder de moins en moins d'importance à l'amélioration des relations avec l'Occident, au profit d'un approfondissement des liens stratégiques avec la Chine et la Russie, et d'une ouverture vers le Sud. L'acceptation récente de l'Iran dans le groupe des BRICS (en compagnie de 3 pays de la région : l’Arabie Saoudite, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis) représente une victoire stratégique pour le régime iranien et pourrait permettre à la République de mieux se faire entendre sur la scène internationale sur le long terme.

Retour en haut back to top