En 2023, la Croatie devrait connaître, comme ses partenaires européens, une année marquée par un ralentissement de sa croissance et une inflation persistante. Si l’économie croate a fait preuve les années précédentes d’une résilience remarquable face à la crise sanitaire et à la guerre que conduit la Russie en Ukraine, ce qui lui a permis d’intégrer la zone euro en période troublée, les prévisions macroéconomiques révèlent néanmoins des faiblesses structurelles qu’il conviendra de corriger pour achever sa convergence par rapport aux autres États membres et s’assurer d’une croissance économique durable. 

Une croissance ralentie et une inflation persistante en 2023  

Après deux années de croissance économique dynamique (+13,1% en 2021 et 6,3% en 2022) faisant suite à une forte récession en 2020 (-8%) sous l’effet de la crise sanitaire et des deux séismes, la Banque centrale prévoit une faible croissance pour 2023 de 1,5% toutefois légèrement supérieure aux prévisions de la Commission pour le reste de l’UE (entre 0,8 et 0,9%). 

Avec la reprise mondiale post-Covid et la guerre que mène la Russie en Ukraine, l’économie croate a été fortement impactée en 2022 par l’inflation qui s’est située au niveau record pour le pays de 10,7% en fin d’année alors qu’elle était inférieure à 4% jusqu’en juin 2022, de 2,7% en 2021 et de 0,1% en 2020. Les autorités prévoient un ralentissement de l’inflation en 2023 qui devrait cependant rester élevée, à 7% sous réserve que l’inflation post-Covid, combinée, en Croatie, à l’augmentation des prix lors de l’introduction de l’euro, ne contribue à maintenir les prix à un niveau élevé. 

 Malgré une conjoncture difficile peu propice à la rigueur budgétaire, la Croatie poursuit ses efforts d’assainissement de ses finances publiques avec une dette publique de 70,2% du PIB en 2022 qui devrait passer sous la barre des 70% en 2023 et atteindre 63,5% en 2025, et un déficit budgétaire sous les 3% en 2023 avec 2,6% et un objectif d’équilibre après 2025. 

Pourtant, le gouvernement, depuis la crise Covid et jusqu’à mars 2023, est massivement intervenu pour soutenir l’économie avec un effort de plus de 6,2 Md € consenti pour maintenir les emplois, limiter les prix de l’énergie à la consommation et pour soutenir, sous forme d’exonérations ou de subventions, les ménages les plus fragiles. 

Une résilience remarquable mais des réformes structurelles nécessaires à un développement économique durable 

 La Croatie puise sa résilience de son choix européen, parachevé par son adhésion à la zone euro au 1er janvier 2023, qui lui a permis de renouer beaucoup plus rapidement avec la croissance que lors de la crise de 2008, dont elle a mis 7 ans à se remettre et qui lui a valu une procédure pour déficit excessif. 

Une décennie après son adhésion à l’UE, la Croatie a accéléré la convergence de son niveau de vie vis à vis des autres pays de l’UE, passant de 60% à 72% en moyenne de parité de pouvoir d’achat en 10 ans. Cependant, la convergence « réelle » reste trop lente, ce qui, corroboré à l’inflation, pourrait peser sur le niveau de vie en limitant le pouvoir d’achat. Fin 2022, le PIB / habitant est de 17 240€, et stagne depuis des années à 72% en p.p.a de la moyenne des États membres. Le salaire moyen est à 1430€ brut et à 1045 € net à la fin de l’année 2022 et enregistre donc une augmentation de 8,17% en 2022 ce qui reste inférieur de 2,6 points à l’inflation. 

Les observateurs économiques prévoient une stagnation de la convergence à 80% à l’horizon 2030 et un ralentissement de la croissance d’ici 2050 si le pays n’entreprend pas les réformes de fond pour accroître sa compétitivité. 

Pour entreprendre les réformes structurelles nécessaires, la Croatie peut compter sur les importants fonds européens à sa disposition. Pour mémoire avec 25 Mds € (EU New generation pour 11 Mds € et CFP 2021-2027 pour 14Mds €), la Croatie est le 1er récipiendaire/habitant des fonds européens, avec sur la période 2021-2027 un soutien européen global de l’ordre de 5,5% du PIB par an. Par ailleurs, environ 80% des investissements réalisés dans le pays mobilisent des financements européens. 

(Direction Générale du trésor, avril 2023). 

Croissance et points faibles

Points forts

  • 35% de l’électricité issue de sources renouvelables, 40 % importée
  • Attractivité touristique et longue façade maritime
  • Potentiel pétrolier et gazier
  • Ancrage de la kuna à l’euro (76 % des dépôts bancaires en euros ou indexés à l’euro), en vue de la participation au Mécanisme de change européen (MCE II) en 2020
  • 12,6 milliards d’euros de fonds structurels européens sur la période 2014-2020, soit 22 % du PIB 2018
  • Qualité des infrastructures 

Points faibles

  • Endettement privé et public encore élevé : le service de la dette publique représente 14 % du PIB
  • Lacunes institutionnelles : administration, santé et justice manquent d’efficacité, chevauchement des échelons administratifs, corruption
  • Traitement de l’insolvabilité long et peu efficace
  • Faible diversification industrielle / manque de compétitivité
  • Importance du chômage parmi les jeunes (23% en janvier 2019), faible participation des femmes
  • Émigration soustrayant de la main-d’œuvre qualifiée, diminution de la population 

La Croatie a rejoint l’UE le 1er juillet 2013, après une décennie de négociations d’adhésion. Le pays table sur l’adoption de l’euro d’ici 2024. 

En 2017, le gouvernement croate a réduit sa dette publique à 78 % du PIB, contre un pic historique de 84 % en 2014, et, pour la première fois depuis l’indépendance en 1991, a réalisé un excédent budgétaire de 0,8 %. Le gouvernement a également essayé d’accélérer la privatisation des actifs non stratégiques, mais avec un succès mitigé. La reprise économique croate est encore fragile. En 2017, la plus grande entreprise privée du pays a évité de justesse l’effondrement grâce à une injection de capital par un investisseur américain. 

Le pays est confronté à des défis : un développement régional inégal, un climat d’investissement difficile, le système judiciaire inefficace et la fuite de jeunes diplômés à la recherche des salaires plus élevés ailleurs en Europe. En 2016, la Croatie a révisé son code fiscal pour stimuler la consommation intérieure et l’investissement étranger. 

Le tourisme, dont la part au PIB s’élève à 19,6 %, constitue un des principaux piliers de l’économie nationale. La Croatie aspire à devenir le hub régional de l’énergie et construit un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) pour importer et redistribuer du GNL en Europe du Sud-Est. À pleine capacité, il pourrait traiter 2,6 milliards de mètres cubes de gaz par an, soit près de 80 % de la consommation annuelle de gaz de la Croatie. Le terminal devrait être opérationnel d’ici 2021. 

 

Import – Export

Import - Export

La Croatie, membre de l’OMC depuis 2000, dépend fortement du commerce extérieur, qui représente 102% du PIB (Banque mondiale, 2018).

En 2018, presque 69 % des exportations croates étaient destinées à l’UE.

Principaux clients : Italie, Allemagne, Slovénie, Bosnie-Herzégovine.

Principaux fournisseurs : UE (78 %), Chine (3,4 %), Bosnie-Herzégovine (3,1 %) et Serbie (2,6%).

Produits exportés : médicaments emballés, pétrole raffiné, vaccins et sang humain ou animal, bois scié, transformateurs électriques.

Produits importés : voitures, pétrole raffiné, médicaments emballés, équipements de radiodiffusion.

Liens

 

Fédération patronale croate :http://www.hup.hr
Chambre des Arts et Métiers : http://www.hok.hr

 

 

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